• "L'utilisation du laser est la technique d'avenir "

    "L’utilisation du laser est la technique d’avenir"

    Les varices, qui s’accompagnent parfois de la sensation de jambes lourdes, peuvent être traitées sous certaines conditions grâce à une opération. Chaque année 150 à 200 000 interventions sont réalisées en France, c’est la 4e par ordre de fréquence. Le Dr Jean-Luc Gérard, angiologue attaché à l’hôpital Henri Mondor de Créteil, répond aux questions de Doctissimo.

    Doctissimo : Quels sont les différents stades de la maladie variqueuse ?

    Dr Jean-Luc GérardDr Jean-Luc Gérard : On peut en distinguer deux : l'état pré-variqueux avec une sensation de jambes lourdes, et le stade des varices, avec des veines qui sont plus ou moins apparentes. Les veines sont dites incontinentes, avec augmentation de la symptomatologie en particulier quand il fait chaud, quand on est en station debout prolongée ou pendant les règles.

    Doctissimo : Les veinotoniques sont-il efficaces ?

    Dr Jean-Luc Gérard : Oui, même si on entend régulièrement le contraire. Ceux qui émettent des doutes font reposer leur argumentation sur l'absence d'étude après 1990. Ils oublient toutes celles qui avaient été faites auparavant et qui allaient toutes dans le même sens. Il a été prouvé que ces médicaments sont efficaces pour les personnes qui ont des varices et ont mal aux jambes.

    Doctissimo : A quel moment peut-on envisager une opération ?

    Dr Jean-Luc Gérard : Si on se place dans une perspective purement conservatrice, il ne faudrait enlever que les varices d'un diamètre supérieur à 7 mm. Mais les jeunes femmes ne veulent pas attendre d'avoir des varices énormes avant de les traiter. Si elles ont une vraie incontinence de la veine à partir de l'aine, même si elle ne fait que 5 mm, on procèdera tout de même à l'intervention. Il y a de toute façon toujours un arbitrage entre le point de vue esthétique et médical.

    Doctissimo : Y-a-t-il des contre-indications ?

    Dr Jean-Luc Gérard : Elles concernent classiquement les femmes enceintes, celles qui allaitent, celles qui ont des antécédents de phlébites, celles qui ont des problèmes d'infection, tels que des ulcères ou une grippe, dans ces derniers cas la contre-indication n'est que temporaire. Il faut y ajouter toutes les personnes à risques d'artérites ou qui ont des antécédents familiaux de pontage coronaire, de diabète, de cholestérol. L'écho-doppler indispensable avant une intervention des varices, vérifiera aussi l'absence d'artérite même infraclinique.

    Doctissimo : Quelles sont les différentes techniques opératoires ?

    Dr Jean-Luc Gérard : Elles sont nombreuses.

    • Le stripping est aujourd'hui le "gold standard", l'intervention de référence recommandée par l'ANAES (NDLR Agence Nationale d'Accréditation et d'Evaluation en Santé). Elle existe en 2 variantes : soit en arrachant la veine principale à l'aide d'un stripper, soit en retournant la veine à l'intérieur (par invagination).
    • La sclérothérapie qui consiste à injecter une substance qui va irriter la paroi de la veine de telle sorte qu'elle se rétracte. Cette technique a été améliorée grâce à l'injection guidée par l'échographie qui permet d'être plus précis.
      La cryochirurgie qui consistait à congeler la veine à l'azote, a quasiment été abandonnée, en raison d'un taux de récidive trop important.
      La CHIVA (Cure hémodynamique de l'insuffisance veineuse en ambulatoire), développée par le Dr Franceschi en 1988, conserve la veine en dérivant les veines superficielles malades, vers les veines plus profondes. Cette méthode, qui suscitait un enthousiasme quasi général, a beaucoup déçu car le taux de récidive est important.
    • Ajoutons l'introduction par voie endoveineuse de clips pour réduire le calibre des veines, ou encore le système Closure, sorte de sonde qui va chauffer la veine à une température de 80°C. Elle est introduite par voie percutanée jusqu'à l'aine, puis doucement retirée.

    Doctissimo : Vous êtes vous-même un adepte de la technique par laser…

    Dr Jean-Luc Gérard : Cela consiste à introduire une fibre laser par voie percutanée, pour brûler la veine, sans abord chirurgical. La lumière se transforme en chaleur avec une certaine longueur d'onde (810, 940, 980 nanomètres), chauffe le sang qui va à son tour chauffer la paroi. J'utilise la 980 nm qui me semble être la longueur d'onde la plus adaptée. Sa cible est l'hémoglobine et l'eau. Le laser endoveineux peut être réalisé dans un cabinet médical, la durée totale du traitement étant d'environ 1 heure, le patient pouvant ensuite rentrer chez lui et continuer ses activités normales.

    Doctissimo : Quels avantages et inconvénients présente-t-elle ?

    Dr Jean-Luc Gérard : Le stripping nécessite une journée ou deux d'hospitalisation, une anesthésie loco-régionale (péridurale), voire générale, et un arrêt de travail d'environ 3 semaines. En revanche les techniques par radiofréquence ou laser se pratiquent en ambulatoire, avec une anesthésie locale, ce qui supprime le problème psychologique de ceux qui les redoutent. Enfin l'arrêt de travail n'est que d'une semaine voire moins. L'inconvénient, réside dans le fait que seule la veine principale est traitée, et non les veines accessoires qui sont dépendantes de la saphène. Mais par radiofréquence ou laser, on pourra traiter secondairement par phlébectomie, en ambulatoire, les branches accessoires en cas de besoin. Je pense néanmoins qu'il s'agit d'une technique d'avenir car simple, efficace, peu invasive et devrait réduire le coût total du traitement.

    Propos recueillis par Mathieu Ozanam - 09 avril 2004 - Mis à jour le 15 février 2009

     Forum Jambes lourdes

    http://www.doctissimo.fr/html/dossiers/varices/sa_5579_varices_laser_itw.htm

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