Un biomarqueur (contraction des mots marqueur et biologique) est une caractéristique biologique que l’on peut quantifier de manière à la fois très précise et reproductible. Cette caractéristique indique ou reflète une fonction organique, une affection, le stade d’avancement d’une maladie ou même le degré d’efficacité d’un traitement médical.
AU COMMENCEMENT, L’ADN
Depuis quelques années, les recherches sur l’ADN ont évolué à pas de géant. On est désormais en mesure de déterminer le matériel génétique de tout individu. Or la chaîne d’ADN forme le code génétique pour la synthèse de protéines. Notre organisme comporte des milliers de protéines. Celles-ci sont en contact les unes avec les autres et interagissent de mille façons. Elles vérifient ainsi le bon fonctionnement du corps. Tout organisme vivant (être humains, animaux, végétaux) possède son réseau de protéines. Les erreurs au sein de ce réseau sont à la base d’un grand nombre d’anomalies et de maladies.
DÉPISTAGE PRÉCOCE
En étudiant l’ensemble des protéines du corps humain, on peut détecter très finement les différences entre un organisme sain et un organisme malade. Grâce aux progrès technologiques, ce qui constituait un travail de bénédictin se trouve considérablement facilité. On peut identifier assez vite des milliers de protéines spécifiques dans le sang et dans d’autres échantillons biologiques (urine, salive, haleine…). Cela permet de détecter la maladie à un stade nettement plus précoce qu’avant, de la traiter plus vite, donc d’augmenter les chances de guérison.
L’Alzheimer fait partie des maladies concernées par la technologie des biomarqueurs. Ceux-ci permettent de hâter le diagnostic. Jusqu’à présent, on ne pouvait détecter la maladie qu’au stade de la démence. Avec les biomarqueurs, on gagne un temps précieux et on peut agir dès les premiers symptômes, chose primordiale quand on sait qu’il n’existe pas encore de réel traitement de l’Alzheimer. Tout ce que l’on peut faire, c’est atténuer les troubles de la mémoire et du comportement. Or plus le patient est pris en charge tôt, plus le traitement – si partiel soit-il - se révèle efficace.
Au plan de la prévention, les biomarqueurs serviront de signaux d’alerte. Les personnes souffrant du cœur pourront ainsi consulter leur médecin sans attendre d’être en phase aiguë ou de faire un infarctus.
DÉPISTAGE SIMPLIFIÉ
Et ce n’est pas tout ! Chaque année, 20.000 à 30.000 Belges sont hospitalisés pour des blessures légères à la tête suite à une chute ou à un accident de la route. Plus de 90 % d’entre eux subissent un CT-scan pour écarter tout risque de lésion cérébrale. On n’en détecte que dans 5 % des cas. La société pharmaceutique Roche Diagnostics a mis au point un test avec un biomarqueur bien précis (S-100β). Celui-ci se trouve libéré dans l’organisme en cas de rupture de la barrière hémato-encéphalique (=frontière entre le sang et le cerveau). Si la concentration de ce fameux biomarqueur reste en deçà de 0,10 μg/l, on peut exclure toute lésion avec une quasi certitude et éviter le CT-scan (irradiation).
TRAITEMENT SUR MESURE
Grâce aux biomarqueurs, on va pouvoir franchir un pas de plus. Nos spécificités individuelles expliquent que tel médicament efficace chez un malade n’aura pas les mêmes effets sur un autre patient. Les biomarqueurs permettent de dresser le génome de chaque personne, donc de déterminer quels sous-groupes de patients réagiront positivement (ou pas) à un traitement donné. Les médecins pourront prescrire des protocoles de soins nettement plus ciblés. C’est déjà le cas pour une série de traitements du cancer. Cela épargnera à certains patients un traitement pénible qui n’aurait de toute manière pas porté ses fruits.
http://plusmagazine.levif.be/fr/011-10854-Biomarqueurs-qu-est-ce-que-c-est.html