Troubles de l'érection : aussi une affaire de femmes !
Qu'on se le dise ! Les troubles de l'érection ne sont pas uniquement une affaire d'hommes. Aujourd'hui, ce problème doit être partagé au sein du couple pour mieux y faire face. Comment réagissent les femmes face aux pannes sexuelles de leur partenaire ? Quelles sont leurs attentes ?… Doctissimo fait le point.
Avec l'évolution de la société associée à l'efficacité des traitements, il était plus que temps de lever définitivement le voile sur cette question taboue que sont les troubles de l'érection. Et les Françaises n'hésitent plus à parler de leur vie de couple, de leurs attentes sexuelles ainsi que de leur vécu face aux troubles de l'érection.
L'amour à la Française
Difficile actuellement de disposer de données fiables sur le vécu des femmes confrontées aux troubles de l'érection. Toutefois, une étude a réussi à dévoiler une part de l'intimité du couple, en interrogeant 338 femmes concernées par le sujet.
D'abord, Messieurs rassurez-vous ! Sachez que globalement, les femmes semblent plutôt satisfaites de leur vie amoureuse. 55 % des femmes (surtout celles de moins de 35 ans) déclarent faire l'amour au moins une fois par semaine, 13 % reconnaissent des relations 2 à 3 fois/mois, 10 % au moins une fois par mois. Mais 22 % le font moins souvent. Cette fréquence satisfait une grande majorité de femmes (62 %). Cependant, 34 % d'entre-elles souhaiteraient avoir des rapports plus fréquents, en particulier les plus de 50 ans. Une proportion qui met à mal quelques idées reçues ! Autre constat : Les femmes d'aujourd'hui sont des femmes d'action. N'hésitant plus à exprimer leurs préférences, elles déclarent en parler souvent avec leur partenaire. Seul un tout petit nombre restent silencieuses. Evidemment, les attitudes diffèrent selon les générations. "Une femme de 50 ans abordera moins facilement le sujet qu'une trentenaire" affirme le docteur Marie Chevret-Measson, psychiatre spécialisée en sexologie.
On constate également que de plus en plus de femmes prennent les devants lorsqu'elles ont envie de faire l'amour et s'estiment exigeantes quant à la manière dont leur partenaire procède. "Là aussi, il faut nuancer les propos : il est parfois difficile pour une femme de prendre l'initiative, simplement parce que pour une question de désir, c'est souvent l'homme qui y pense le premier…" précise le docteur Marie Chevret-Measson.
Autre information, la pénétration "n'est pas tout". Les femmes revendiquent ainsi leur besoin de caresses et de mots doux.
La vie érectile n'est pas un long fleuve tranquille…
De manière générale, 83 % des pannes sexuelles évoquées par les femmes sont occasionnelles, 14 % déclarent qu'elles sont fréquentes et seulement 3 % les définissent comme constantes. Contrairement à une autre idée reçue, les troubles de l'érection peuvent apparaître à tous les âges. Avant 35 ans, elles sont majoritairement occasionnelles et deviennent plus fréquentes avec l'âge. Deux constats s'imposent alors : il existe un premier "pic" dans les 5 premières années de vie commune puis un deuxième entre 11 et 20 ans. "Le premier pic est dû au fait qu'avec le temps, l'illusion amoureuse s'amoindrit et on perçoit l'autre tel qu'il est vraiment. Le second pic est plus lié aux événements de vie, c'est-à-dire les problèmes du quotidien, les soucis professionnels ou scolaires avec les enfants" commente le Dr Marie Chevret-Measson.
Comment les femmes vivent-elles ces troubles de l'érection ? Globalement, elles se montrent compréhensives. Et lorsqu'il y a panne, leur souci principal semble être le désappointement de leur partenaire, qui abrège la relation charnelle, s'énerve voire culpabilise. La majorité dédramatise en estimant que "ce n'est pas très grave". D'autres ont une attitude plutôt résignée pensant que c'est l'évolution normale de la sexualité. Seul un petit nombre pense que la panne sexuelle est la manifestation d'un problème d'homme qui ne les regarde pas.
Pour la plupart, les aspects "techniques" passent au second plan, même si une femme sur quatre se trouve gênée par le manque de fermeté de l'érection et par sa brièveté. Si 17 % n'arrivent pas à atteindre l'orgasme, ce qui les contrarie le plus reste la blessure de leur compagnon. Selon les déclarations des femmes interrogées, certains auraient alors tendance à se précipiter dans "la pénétration" pour ne pas perdre la face.
Réagir pour lui… et pour elle
Une chose est sûre, les femmes en parlent plus. A leur partenaire, mais aussi à leurs amies, leur médecin et culpabilisent moins, choisissant de ne plus accepter les troubles de l'érection comme une fatalité. Toutefois, il est nécessaire de souligner que selon les femmes interrogées, environ 73 % des hommes qui souffrent de troubles érectiles ne consultent pas. Pourtant, 39 % d'entre-elles souhaitent que leur partenaire prenne un traitement, estimant que se serait un "beau geste" de leur part. Les plus motivées restent les femmes âgées de 25 à 49 ans.
Le traitement idéal serait celui qui pourrait être pris uniquement lorsque le couple en a besoin. Elles sont une grande majorité à attendre d'un traitement une érection plus ferme et plus longue. Dans 88 % des cas, les femmes, quel que soit leur âge, attendent que l'homme reprenne confiance en lui pour ensuite améliorer la qualité des rapports.
Moralité : on est loin du point de vue mécaniste de l'acte amoureux. Face au trouble, la femme s'inquiète d'abord du ressenti de leur conjoint. Au point que 42 % d'entre-elles confrontées au problème sont prêtes à insister pour que l'homme consulte un médecin. Et pour trois femmes sur quatre, traiter les troubles de l'érection redonnerait un second souffle à leur vie de couple avec l'envie de faire l'amour plus souvent.
Rappelant l'efficacité des traitements oraux disponibles aujourd'hui, le Dr Marie Chevret-Measson souligne néanmoins qu'une vision trop mécanique du sexe basée sur des clichés esthétiques et sexuels pourrait contribuer à accentuer le malaise de certains couples. Bien loin de la réalité, la sexualité véhiculée par les médias ne facilite pas la vie du couple. Pour une sexualité épanouie, nul besoin d'être un superman !
- Emilie Lefèvre
Sources :
Enquête Louis Harris pour Pfizer