SANTÉ
Les médicaments ne sont pas la seule solution face à un ventre douloureux, un dos bloqué ou une épaule qui lance. Utiliser la puissance de notre cerveau et apprendre à gérer nos émotions aide à court-circuiter la douleur.
Le meilleur antidouleur, c’est votre cerveau. Le titre du livre du Pr John Sarno intrigue. Notre mental, plus fort que le paracétamol ou l’ibuprofène quand notre tête est dans un étau ou que notre dos nous fait souffrir ? L’idée est séduisante quand on sait que chacun d’entre nous consomme en moyenne, chaque année, 48 boîtes de médicaments, antalgiques en tête1. Pour ce médecin américain, spécialiste de la rééducation à l’université de New York, nous aurions tous le pouvoir de guérir une douleur chronique et inexpliquée sans l’aide de médicament. Celle-ci est en réalité une "diversion" créée par notre cerveau afin de le détourner d’émotions auxquelles on a du mal à faire face (traumatisme, stress, honte, culpabilité, tristesse…). En acceptant l’origine psychologique de la douleur et en identifiant ces émotions refoulées, on commencerait à avoir moins mal puisque cette stratégie d’évitement n’aurait plus de raison d’être.
Un lien corps-esprit
Les spécialistes français reconnaissent volontiers le rôle des émotions dans la douleur lorsqu’aucune cause médicale ne réussit à l’expliquer. "Le plus souvent, la survenue de la douleur est la conséquence d’un facteur extérieur ou structurel, un accident ou une hernie discale par exemple", dit le Dr Jean-Pierre Alibeu, médecin spécialiste de la douleur. "Mais elle peut devenir chronique en réveillant des traumatismes psychiques plus ou moins profonds dans l’histoire personnelle de chacun. Le travail sur les émotions liées au traumatisme est donc primordial, cela est maintenant admis."
Nathalie Baste, psychologue formée à la relaxation, à l’hypnose et à la sophrologie, confirme que douleur et émotions sont toujours intimement liées : "Une douleur, surtout lorsqu’elle est chronique, est toujours une perception physique désagréable mais aussi une émotion. La fibromyalgie est un bon exemple : les douleurs musculaires ou articulaires sont souvent associées au désespoir ( "Je ne m’en sortirai jamais" ) et à l’incompréhension ("On me dit que c’est dans la tête")
Exprimer ses émotions
Le point sur lequel les spécialistes interrogés rejoignent également le Pr Sarno, c’est l’importance d’exprimer ces émotions enfouies pour réussir à se libérer de la douleur. "Les médicaments ont peu d’action sur l’aspect psychologique de la douleur", note le Dr Alibeu. Voilà pourquoi les nouvelles approches antidouleur utilisent à la fois des médicaments et la psychothérapie, les thérapies de groupe (type art-thérapie) ou encore l’hypnose pour permettre d’exprimer et d’évacuer d’éventuels traumatismes inconscients. "Il faut arriver à verbaliser ses émotions, à comprendre ce qui se passe en soi lorsque la douleur survient pour pouvoir initier un changement", confirme Nathalie Baste.
Quand on ne s’en sort plus avec une douleur qui nous donne envie de nous taper la tête contre les murs ou qui nous empêche de sortir, de travailler… des spécialistes peuvent nous aider à effectuer ce travail.
Gérer la douleur sans médicament
Le Pr Sarno mise sur les groupes de paroles pour aider ses patients à exprimer leurs émotions refoulées. Objectif de ces consultations : défocaliser la douleur en apprenant à se détendre et en travaillant sur les pensées, les émotions et les images associées à cette douleur. Des hypnothérapeutes ou des sophrologues montrent également des exercices de relaxation et de visualisation pour se charger d’émotions agréables, douces, légères, qu’on pourra réutiliser ensuite de manière autonome à la maison.
http://www.dhnet.be/actu/sante/medicaments-le-meilleur-antidouleur-c-est-vous-56bc45d03570b1fc1110e0c5