La plus grande parapharmacie de Belgique vient d'être inaugurée cette semaine à Gosselies. Son nom, Medi-Market, donne déjà le ton. Ce "supermarché de la santé" propose sur 1000 mètres carrés plus de 7.000 références en parapharmacie, des produits de santé classiques, aux soins du corps pour adultes et bébés, en passant par les kits de beauté. Des compléments alimentaires et des médicaments homéopathiques y sont aussi délivrés. A la manière des drogueries que l'on peut trouver dans les pays anglo-saxons comme Boots en Grande-Bretagne ou Duane Reane aux USA, des endroits où se côtoient dans les rayons des sodas à côté d'antidouleurs.

Et le petit pharmacien de quartier n'a qu'à bien se tenir. "Alors que la concurrence ne propose que deux ou trois produits d'une marque dans ses rayons, nous avons la gamme complète", déclare le délégué commercial de la société Yvan Verougstraete. Mais là où le pharmacien traditionnel pourrait bien y perdre des plumes, c'est quand Medi-Market joue avec les limites de la législation. En Belgique, les médicaments ne peuvent être délivrés que dans des pharmacies autorisées, une autorisation que ne possède pas Medi-Market. Sauf que, comme l'explique Yvan Verougstraete au Morgen, la société a trouvé une astuce pour quand même délivrer des médicaments à ses clients. "Pour chaque magasin, nous avons mis sur pied deux sociétés: un Medi-Market Parapharmacie et un Medi-Market Pharmacie. Chaque implantation aura, comme la loi le stipule, sa propre entrée et ses propres produits". L'accès entre les deux parties sera facilité par un mur et une porte transparents, de sorte que le client puisse passer aisément de l'une à l'autre. De là à mener les clients à consommer beaucoup plus de médicaments et à pousser l'aspect mercantile du secteur de la santé? Medi-Market réfute : "Nous offrons justement de nombreuses alternatives."

"Une atteinte à l'image du secteur"

Jan Depoorter, porte-parole de l'Union des Pharmaciens, réagit à l'inauguration de cette "super pharmacie" sur le site du Morgen : "Ils jouent avec les limites de la législation pour faire du commerce alors que les pharmacies indépendantes font de gros efforts pour justement ne pas être considérées comme des endroits où l'on achète à tout va. Nous désirons avant tout rester un centre de soin où les patients sont aidés de manière individuelle et qualitative." Il avance que cette initiative commerciale porte atteinte à l'image sérieuse du secteur : "Notre image est mise à mal exclusivement pour faire de l'argent ".

Le secteur pharmaceutique en Belgique est-il dès lors trop conservateur s'interroge le média flamand ? Cette hypothèse, Jan Depoorter la rejette: "Nous n'avons pas reçu le monopole pour vendre des médicaments d'un coup de baguette magique. Nous l'avons reçu car les autorités considèrent que nous pouvons offrir une plus-value aux patients." Cette plus-value se traduit, selon lui, par des conseils personnalisés, le pharmacien agissant en tant que personne de confiance, et cela, en toute indépendance. Un service sur-mesure qui a son importance dans notre pays où l'utilisation des médicaments ne fait qu'augmenter et est beaucoup plus élevée que la moyenne européenne. Medi-Market se défend de son côté en avançant que des "digital talkers" donneront de l'information aux clients, en collaboration avec des diététistes, des thérapeutes de l'alimentation et d'autres experts, de là à remplacer un dialogue à coeur ouvert avec son pharmacien de quartier..

 

http://www.levif.be/actualite/sante/medi-market-le-supermarche-de-la-sante-une-menace-pour-le-pharmacien-de-quartier/article-normal-357421.html