Confronté depuis des années à de gros problèmes budgétaires, le service britannique de la santé a été un des grands sujets de la campagne pour les élections législatives de 2015. Tous les partis, à l'exception d'UKIP, ont promis d'en augmenter le budget de fonctionnement et d'améliorer le service. Confronté à un boum démographique, au vieillissement de la population, et aux traitements de plus en plus chers et sophistiqués, le système de santé va coûter de plus en plus cher dans les années à venir.
Le National Health Service
Le NHS - service public de la santé la Grande Bretagne - est né en 1948, comme pilier du Welfare State, ou Etat Providence, mis en place par le gouvernement Travailliste de l'après-guerre. Ce fut pendant la seconde guerre mondiale que le gouvernement de coalition nationale a demandé à une commission sous la responsabilité de l'économiste et universitaire William Beveridge, de faire le bilan des systèmes de couverture médicale et sociale que existaient dans le pays. Le Beveridge Report a recommandé la mise en place de systèmes nationaux assurant une couverture sociale et médicale pour tous les citoyens "from the cradle to the grave" - du berceau au tombeau.
Au début, le nouveau National Health Service (NHS) offrait une couverture médicale entièrement gratuite pour tous, sans critère de sélection ni de condition de cotisation. Les cotisations forfaitaires payées par tous ceux qui travaillaient (appelées National Insurance contributions) étaient sensées contribuer essentiellement au financement des allocations sociales, et très peu au financement de la santé.
Le service de santé étant financé directement sur le budget général de l'état, et non sur budget particulier, il ne pouvait pas tourner à perte, ni connaître de "trou". La Grande Bretagne a été ainsi le premier pays au monde à proposer à ses citoyens ce genre de service public de santé entièrement gratuit et ouvert à tous.
Toutefois, même financé directement par l'état, le système a dès le départ coûté plus cher que prévu, et il n'a fallu au gouvernement Travailliste que trois ans pour remettre en cause le principe de la gratuité totale. En 1952, le nouveau gouvernement Conservateur a introduit le premier prescription charge, ou forfait par médicament prescrit.
La consultation chez le médecin, ainsi que les soins à l'hôpital, sont resté gratuits, mais d'autres services comme les soins dentaires ou ophtalmiques sont devenus partiellement payants: dans l'ensemble, cela reste la situation aujourd'hui. Hospitalisation et consultations chez le généraliste gratuites, médicaments, soins dentaires ou ophtalmiques payés - dans des proportions variables - par le patient.
Comme tous les systèmes de santé public, le National Health Service (avec le Scottish NHS et le Welsh NHS) a vu ses coûts exploser au cours des année, en raison du vieillissement de la population britannique et du développement de nouveaux médicaments et de nouvelles formes de traitement bien plus coûteuses que celles disponibles en 1948. Tous les gouvernements, Travaillistes ou Conservateurs, ont essayé de maîtriser les coûts du système, tout en maintenant ou en améliorant la qualité du service; mais le problème de financement du système reste toujours d'actualité.
La première restructuration importante du système a eu lieu sous Margaret Thatcher. Considérant que le grand coût du service national fut au moins partiellement dû à sa mauvaise organisation et au manque de sens commercial des fonctionnaires gestionnaires du système, elle a impulsé des réformes mettant en place une administration décentralisée du service hospitalier, et un marché interne qui mettait en concurrence les fournisseurs de service. Contraints de respecter des limites financiers, les NHS trusts ou services régionaux hospitaliers ont souvent limité leurs activités non plus en fonction de la demande des patients, mais en fonction des contraintes budgétaires.
Les résultats furent prévisibles; d'un côté, le drame des "hospital waiting lists", l'allongement des listes d'attente pour traitement à l'hôpital, d'un autre côté la réduction de certains traitements, et enfin un développement de systèmes d'assurance santé privés. Le secteur privé n'avait jamais cessé d'exister, même pendant les premières belles années du NHS; mais pendant les années 1980 il a connu un nouvel essor, les assurances privées offrant, moyennant cotisation, des traitements de pointe sans liste d'attente. De nombreux employeurs ont commencé à ajouter aux primes offerts à leurs employées une couverture médicale privée complémentaire, notamment avec BUPA, société à but non-lucratif qui était déjà, avant la mise en place du NHS, un des grands fournisseurs d'assurance santé du pays.
A partir de 1997, les Travaillistes ont fait de la consolidation du NHS un des grands axes de leur politique, promettant de revenir sur la marchandisation du service. Une augmentation du budget rendu possible par la bonne santé des finances publiques a permis de poursuivre la réduction des listes d'attente; de nouveaux hôpitaux plus efficaces ont été construits. Mais les coûts de fonctionnement du service sont restés très élevés, et le gouvernement n'a pas pu faire marche arrière; la mise en concurrence des fournisseurs de services médicaux avait réduit les coûts du service, et les gouvernements Travaillistes ne souhaitent pas les augmenter à nouveau.
Derniers changements
Depuis 2010, les gouvernements de coalition Conservateur-Lib-Dem et Conservateur se sont engagés à poursuivre l'amélioration du sytème et à en augmenter le budget. Le Health and Social Care Act de 2012 prévoit l'abolition des NHS Trusts et des autorités régionales, et le transfert de la gestion des ressources hospitalières régionales aux medecins eux-mêmes. Le nouveau système doit permettre de faire de sérieuses économies en termes de personnel administratif. Les nouvelles propositions sont très controversées, certains y voyant une transformation fondamentale de la nature du service, voire une privatisation partielle de celui-ci.
Fonctionnement
Toute personne souhaitant utiliser les services du NHS doit être inscrit auprès d'un généraliste, ou General practitioner (GP). La grande majorité des GP fonctionnent dans des cabinets regroupant plusieurs généralistes. Pour accéder aux services d'un spécialiste, ou une hospitalisation (sauf urgence) un patient doit être envoyé par son GP. Les consultations sont gratuites, mais les GP font peu de visites à domicile, sauf pour des patients qui ne peuvent se déplacer ou sont très malades.
Sauf en milieu rural, les cabinets des généralistes ont tendance actuellement à évoluer en centres de santé, regroupant plusieurs médecins généralistes, infirmiers et parfois d'autres personnels médicaux ou para-médicaux.
http://angleterre.org.uk/civi/sante-health.htm