• La Capsulite rétractile d'un diabétique

    L’EPAULE DU DIABETIQUE  

      La pathologie de l.épaule chez le diabétique est dominée par la capsulite rétractile. Cette forme particulière d.épaule douloureuse [1] est plus fréquente chez le diabétique que dans la population générale. De plus, elle revêt au cours du diabète certains aspects sémiologiques et évolutifs particuliers qui en font une maladie rhumatologique originale : la capsulite diabétique, côté de ce cas particulier, l'épaule douloureuse du diabétique, bien que souvent plus sévère, ne diffère guère au plan lésionnel de l.épaule douloureuse . tout venant .. En revanche sa prise en charge thérapeutique pose de nombreux problèmes liés au diabète et à ses contraintes. Nous envisagerons donc dans cet exposé la capsulite diabétique puis, dans une seconde partie, les problèmes posés par la prise en charge thérapeutique des autres formes d.épaules douloureuses chez le diabétique.

    CAPSULITE RETRACTILE DU DIABETIQUE

    Définition de la capsulite rétractile

    La définition de la capsulite rétractile repose sur des critères diagnostics cliniques, radiologiques et anatomiques. Cliniquement, il existe une vraie perte d.amplitude des mouvements passifs prédominant sur la rotation externe et l'antépulsion, avec sensation d'arrêt dur  du mouvement. Cette notion clinique est d'importance car elle permet pratiquement d.affirmer le diagnostic. Cette limitation vraie des mouvements passifs de l.épaule est bien entendu difficile à affirmer en début d.évolution et pendant plusieurs semaines, le tableau peut être proche d'une épaule douloureuse simple banale. Cette constatation clinique est nécessaire mais non suffisante. En effet, la radiographie doit également éliminer les autres pathologies susceptibles d.entraîner une raideur de l'épaule : arthrose gléno humérale, arthrites, calcifications d'hydroxyapatite, cicatrices chirurgicales ou séquelles post traumatiques, tumeurs loco régionales, luxation postérieure etc. ces critères simples radiocliniques s'est ajouté également un critère arthrographique : l'existence d'une rétraction capsulaire arthrographique, définie comme l'impossibilité d'introduire dans l'articulation plus de 10 ml de produit de contraste (critère toujours vérifié pour une capsulite installée .), avec sur les clichés un effacement des récessus capsulaires normaux, témoignant de la restriction du volume articulaire.

    Accessoirement, signalons également que la limitation des mouvements persiste lors de l'anesthésie générale et qu'en arthroscopie l'aspect macroscopique particulier de la capsule est quasi pathognomonique, nous y reviendrons dans le chapitre d'anatomie pathologique.

    Schéma évolutif général des capsulites rétractiles et cadre nosologique

    Quelles qu.en soient leurs causes les capsulites d.épaule suivent un cycle évolutif globalement identique : d.abord une phase douloureuse pendant laquelle la limitation est discrète, puis installation progressive de la raideur articulaire pendant que la douleur croît et atteint un plateau, puis décroissance de la douleur tandis que l'enraidissement devient maximum, constituant le stade d'épaule gelée qui s'accompagne souvent d'une amyotrophie due à l'hypomobilité, enfin une dernière étape de récupération progressive de la mobilité, pouvant durer plusieurs mois, qui aboutit à un restitutio ad integrum . ou presque de l'articulation dans la forme idiopathique et beaucoup plus rarement chez le diabétique.

    Certains auteurs ont assimilé la capsulite rétractile d.épaule à une algodystrophie compte tenu de la parenté du tableau clinique dominé par la rétraction capsulaire [2, 3]. Actuellement, beaucoup la considèrent comme un syndrome une entité anatomo-clinique particulière, secondaire à certaines circonstances pathologiques (diabète, traumatisme, algodystrophie et ses causes, hyperthyroïdie, certains médicaments etc.). La forme idiopathique de la femme de la cinquantaine, dite capsulite . primitive ., constituerait l.expression la plus pure de ce syndrome [4]. Du reste, les données de la radiographie standard (déminéralisation mouchetée) et de la scintigraphie osseuse (hyperfixation locorégionale) observées dans l.algodystrophie, restent assez spécifiques de cette pathologie et se rencontrent assez rarement dans les autres étiologies de capsulite [5], notamment dans la forme idiopathique.

    Particularités cliniques et évolutives de la capsulite d’épaule du diabétique

    Parmi les autres capsulites, la capsulite diabétique, a une réelle spécificité. Sa fréquence d.occurrence est plus importante que dans la population générale. Elle est retrouvée chez 10,8 p. 100 des 800 patients diabétiques suivis pendant un an par Bridgman [6] alors que dans un groupe témoin de 600 patients non diabétiques suivis pendant le même temps, le pourcentage de capsulite n.est que de 2,3 p. 100. Dans la plupart des autres séries de la littérature [3, 7, 8, 9], la fréquence de la capsulite d.épaule chez le sujet diabétique varie entre 20 et 30 p. 100, contre seulement 3 p. 100 environ dans la population générale [10]. Alors que les formes bilatérales ne dépassent pas 20 p. 100 parmi les formes idiopathiques, elles atteignent, selon les séries, 40 à 50 p. 100 chez le diabétique [6, 11]. La fréquence semble peu différente, que le patient soit ou non insulino-nécessitant [4, 6, 11] mais elle survient plus volontiers chez le diabétique mal équilibré. Elle est retrouvée chez près de 50 p. 100 des patients présentant une chéiroarthropathie et/ou une maladie de Dupuytren, en revanche elle n.est pas corrélée avec l.existence d.une neuropathie . notamment végétative [6]. Elle paraît seulement plus fréquente chez les sujets ayant débuté plus jeunes leur diabète, lorsque celui-ci est insulinodépendant. Les hommes et les femmes diabétiques sont atteints avec une égale fréquence [6, 11] alors que la prédominance féminine est très nette dans la capsulite idiopathique (80 p. 100) [3, 12].

    La capsulite diabétique revêt également des particularités cliniques par rapport aux autres capsulites : malgré une évolution d.ensemble assez similaire, il s.agit de formes souvent sévères, d.évolution prolongée, possiblement récidivantes, laissant assez fréquemment une raideur séquellaire conséquente en fin d.évolution. Cliniquement, le cycle évolutif de la maladie, si stéréotypé dans les formes idiopathiques, est ici plus irrégulier, la maladie évoluant volontiers par poussées douloureuses avec de vraies récidives possibles à distance. La limitation souvent très importante et la douleur nocturne constituent des facteurs importants de handicap fonctionnel. Le diabétique peut être gêné pour faire ses injections d.insuline et effectuer les gestes de la vie quotidienne. Surtout, l.évolution des capsulites diabétiques est souvent plus longue que celle des formes idiopathiques, pouvant dépasser 18 mois ou 2 ans, sans compter d.éventuelles récidives. La limitation résiduelle des mouvements porte surtout sur l.abduction, l.antépulsion et la rotation externe du bras. Les évolutions favorables sont néanmoins possibles mais l.épaule reste globalement limitée malgré une disparition de la douleur.

    http://journees.hotel-dieu.com/medias/diabet_15.pdf

     

     

     

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