• La Belgique en retard en matière de dépistage du VIH-Sida

    En Belgique, près de 40% des porteurs du VIH-SIDA l'apprennent trop tard. C'est à dire qu'ils ont déjà eu le temps d'avoir des comportements à risque depuis le moment où ils ont été contaminés. L’an dernier, la Belgique a lancé un plan national de lutte contre le sida. Mais pour les acteurs du secteur, réunis hier à Bruxelles, notre pays a bien des progrès à faire.

    La Belgique en retard en matière de dépistage du VIH-Sida - PIYAL ADHIKARY - BELGAIMAGE

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    Pour les représentants d’associations et les professionnels de santé réunis lundi à Bruxelles, la Belgique a beaucoup de lacunes à combler en matière de dépistage. " Il n’y a pas de politique nationale avec des messages clairs : quel type de test utiliser pour quel type de personne ? Combien de fois se faire dépister ", détaille Thierry Martin, directeur de la Plate-forme Prévention Sida.

    Notre pays serait aussi en retard par rapport à ses voisins. "Je pense principalement aux Français, mais aussi aux Néerlandais ou aux Allemands. Là-bas, les tests sont remboursés et il y a une véritable politique de dépistage anonyme et gratuit ", ajoute Thierry Martin.

    Renforcer l’offre de dépistages classiques

    Alors comment faire pour améliorer les choses ? C’était l’objet de la rencontre d’hier. Parmi les pistes évoquées : un renforcement des contrôles classiques et la création de nouveaux centres anonymes et gratuits car " pour beaucoup de gens, c’est toujours difficile de parler de sexualité avec leur médecin", argumente Thierry Martin.

    A côté de ces tests classiques, par prise de sang, l’idée serait d’encourager des nouvelles formes de dépistage. Les tests à résultat rapide ont fait leur apparition il y a quelques années. Une goutte de sang ou de salive est on est immédiatement fixé, ou presque. Ces tests sont réputés moins fiables que la méthode classique : en cas de résultat positif, il faudra se soumettre à un second test, pour confirmation. Mais ils ont plusieurs avantages : ils sont peu chers et faciles d’utilisation. En théorie, n’importe qui pourrait les utiliser.

    Démédicaliser la pratique

    Mais en Belgique, ces tests à résultat rapide sont encore réservés aux médecins et aux infirmiers. Pour les acteurs du secteur, la priorité est de démédicaliser la pratique. Les membres des associations de lutte contre le sida devraient eux aussi pouvoir les utiliser. " L’idée c’est qu’il n’y ait plus ce syndrome de la blouse blanche. Pour les populations clefs que sont les usagers de drogue, les migrants ou les hommes qui ont des relations avec d’autres hommes, le fait de ne pas devoir parler à un médecin est un bonne chose ", développe Michaël François, le coordinateur de l’ASBL Ex-Aequo, qui s’occupe de la prévention auprès des homosexuels.

    Cette démédicalisation permettrait aussi de généraliser le dépistage. " On va pouvoir aller à la rencontre des communautés. Aller dans les saunas, dans les lieux où il y a consommation homosexuelle. On n’attend pas que les gens viennent à nous", prévoit Michaël François.

    Se tester seul, chez soi : une idée qui fait débat

    Enfin une autre solution se dessine : le home-testing. Un peu à l’image d’un test de grossesse, on l’utilise seul chez soi et le résultat est immédiat. L’idée intéresse certaines associations. La Plate-forme prévention Sida y est favorable à condition de mettre en place des garde-fous solides. " Il faut bien encadrer la démarche sur le plan juridique pour éviter les abus. Si ça n’est pas le cas, l’un des partenaires pourrait par exemple demander à l’autre de faire un test avant d’avoir un rapport. Un employeur pourrait aussi exiger cela d’un candidat avant de l’embaucher", estime Thierry Martin.

    L’ONG Médecins du Monde se dit par contre opposée à la technique. " Ce qui manque dans ce test ce sont les conseils avant le dépistage et une prise en charge ensuite, en cas de résultat positif ", regrette Stéphane Heymans, responsable des projets belges de l’organisation.

    Avec ces quelques pistes, les parties prenantes espèrent susciter l’intérêt des autorités. Mais la confiance n’est manifestement pas de mise. " On est à un changement de gouvernement. Maggie De Block [la nouvelle ministre de la santé] ne nous a donné aucun signal quant à son intérêt pour une politique de prévention du sida en Belgique. Nous sommes donc inquiets", reconnaît volontiers Thierry Martin.

    Barbara Schaal

    http://www.rtbf.be/info/societe/detail_la-belgique-en-retard-en-matiere-de-depistage-du-vih-sida?id=8404421

     

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