• Insomnie : essayez la thérapie comportementale

    Insomnie : essayez la thérapie comportementale

    Vous vous réveillez souvent pendant la nuit, dormez mal, restez fatigué le lendemain matin... Vous avez tout essayé pour retrouver le sommeil sans résultat. Et, si vous essayiez la thérapie comportementale ? Des médecins américains viennent en effet d’en démontrer les bienfaits dans une étude réalisée à l’Université Duke de Durham en Caroline du Nord.

    Cinq pour cent environ des adultes présentent une insomnie chronique, caractérisée par des éveils répétés. C’est chez des insomniaques de ce type, 35 femmes et 40 hommes de 40 à 80 ans, que le Dr Jack Edinger et son équipe ont analysé l’intérêt d’une thérapie cognitivo-comportementale associant travail sur les croyances et les attitudes vis-à-vis du sommeil et conseils pratiques1.

    Dormez, je le veux !

    Jetez vos somnifèresPendant six semaines, 25 insomniaques ont dû accepter de subir une séance hebdomadaire de thérapie cognitivo-comportementale et suivre certains conseils pratiques, dont certains délivrés sous forme de cassette audio. Parmi ces conseils : éviter de pratiquer des siestes trop longues en fin d’après-midi, essayer de se lever tous les jours à la même heure quelle que soit l’heure du coucher la veille et, en cas de réveil pendant la nuit, de quitter le lit et de lire, de regarder la télévision... en bref d’avoir une activité intellectuelle et physique quelconque et de ne se recoucher que lorsque le sommeil se manifestait de nouveau.

    Un journal du sommeil

    Ces hommes et femmes ont été comparés à 50 autres personnes souffrant de la même forme d’insomnie, qui ont bénéficié pour la moitié d’entre elles d’une thérapie plus classique se fondant sur des techniques de relaxation musculaire plus anciennes et pour l’autre moitié d’une thérapie “fictive”. Pas plus nos insomniaques que leurs thérapeutes ne savaient exactement la forme de thérapie qu’ils délivraient et dans quel groupe se situaient les patients. Les effets de ces différentes stratégies psychologiques ont ensuite été analysés sur le sommeil, et étudiés par le moyen d’un journal de bord sous tous ses aspects : durée totale et “rendement” (nombre d’heures de sommeil par rapport au nombre d’heures passées au lit), temps d’endormissement, durée totale des réveils nocturnes, qualité du sommeil, symptômes associés, conséquences sur l’humeur... Un enregistrement de l’activité électrique du cerveau (enregistrement polysomnographique) a également permis d’évaluer, grâce à des électrodes, les caractéristiques du sommeil de façon objective mais cependant non traumatisante pour les patients.

    Plus efficace encore que la relaxation

    Les résultats sont là, plutôt surprenants par leur ampleur. La thérapie cognitivo-comportementale de dernière génération réduit de 54 % en moyenne la durée des éveils nocturnes. Ces chiffres dépassent grandement la simple relaxation (16 %) ou une thérapie “placebo” inadaptée au problème de l’insomnie (12 %). En moyenne, la durée de veille nocturne qui était initialement supérieure à 60 minutes s’est ainsi abaissée à 26,6 minutes versus 43,3 minutes avec la relaxation et le temps passé au lit s’est avéré plus “rentable” (rendement de 85,1 % contre 78,8 %). Une bonne surprise, d’autant que dans le même temps, la qualité du sommeil était nettement améliorée après thérapie comportementale, que le nombre d’heures de sommeil total a augmenté notablement pour atteindre 6 heures par nuit et que les autres troubles se sont atténués

     

    Peu importe l’âge

    Deux études antérieures entreprises par le Dr Jack Edinger aux Etats-Unis avaient déjà montré une action bénéfique des thérapies comportementales sur l’insomnie2. Mais elles avaient porté sur des effectifs de patients moins importants (respectivement 4 et 7 malades) et avaient été conduites de manière moins rigoureuse car non comparative. Reste que ces travaux déjà anciens ne sont pas totalement à négliger car ils ont été effectués chez des patients plus âgés (59 à 72 ans pour la première étude et 55 à 68 ans pour la seconde), ce qui suggère donc que les effets de la thérapie comportementale ne s’arrêtent pas au nombre des années.

    Une bonne nouvelle pour tous ceux, jeunes ou vieux, qui désirent se passer de médicaments hypnotiques ou tranquillisants, dont les effets secondaires ne sont pas à négliger. Certains peuvent parfois entraîner des symptômes désagréables, voire un rebond des phénomènes d’anxiété et d’insomnie lors de l’arrêt du produit.

    Dr Corinne Tutin

    1 - JAMA, 2001, 11 avril ; 285, 14
    2 - Psychol. Aging, 1988 ; 3, 3 : 258-263 et Psychol. Aging, 1992 ; 
         7, 2 : 282-289

    « Les clés de la médecine chinoiseAliments chinois, faut-il en avoir peur ? »
    Partager via Gmail Yahoo! Google Bookmarks