• Étiquetage du poisson, un mystère pour le consommateur

    Étiquetage du poisson, un mystère pour le consommateur


    vendredi 19 décembre 2014

     

    Quelle quantité réelle de poisson ? Où a-t-il été pêché ? L'association de consommateurs CLCV (Consommation Logement et Cadre de Vie) a de nouveau dénoncé vendredi la persistance de problèmes sur l'étiquetage de l'origine ou de l'espèce des poissons, demandant aux pouvoirs publics de sanctionner ces manquements, qui nuisent à la bonne information du consommateur.

    saumon sous-vide

    L'étude révèle que l'étiquetage des poissons est plus précis en grandes surfaces que dans les commerces de détail. Mais le manque d'information pour le consommateur est criant. 

    Les grandes surfaces meilleures élèves que les commerces de détail

    La CLCV s'est penché sur les poissons eux-mêmes, au travers d'une enquête menée dans 21 départements sur 111 points de vente (grandes surfaces, poissonnerie, marchés...). Elle a notamment étudié les mentions de l'espèce et de l'origine affichées sur 280 poissons (cabillaudlottemerlan, sole et saumon) entre le 13 et le 16 décembre.

    "Pour les poissons pêchés en mer, la mention du nom scientifique n'est présente que dans la moitié des cas", indique l'association dans un communiqué. Pour les poissons d'élevage, elle n’apparaît pas dans un tiers des produits.

    Or, "pour le consommateur, la mention scientifique garantit pourtant l'espèce précise qui est commercialisée", ajoute-t-elle, laissant ainsi entendre que son absence pourrait être le signe de fraudes sur l'espèce.

    L'association indique que cette mention est davantage présente dans les grandes surfaces que dans les commerces de détail.

    Très peu d’informations sur les zones de pêche

    Concernant les indications des zones de pêche et des catégories d'engins utilisés, qui doivent être précisées depuis décembre 2013 en vertu d'un nouveau règlement communautaire européen, le manque d'information est encore plus criant. Ces indications ne sont présentes que dans 10% des cas, note la CLCV.

    "La zone de pêche précise, au-delà du très général Atlantique Nord-Est par exemple, permet pourtant de signaler une typicité de produit et renforce la transparence. La technique de pêche, offre des garanties quant au respect de la durabilité des pratiques", explique l'association.

    Pour le saumon, la mention du pays d'élevage est certes assez fréquente - elle apparaît dans 82% des cas - mais elle n'est pas pour autant généralisée, déplore-t-elle.

    "Au vu de cette enquête, nous demandons une pleine application des règles d'étiquetage et que des contrôles soient effectués, rendus publics et les manquements sanctionnés", conclut la CLCV.

    Quel pourcentage de poisson ?

    Le 10 décembre, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) avait également dévoilé sur son site internet les résultats d'une enquête sur les filets de poissons frais et surgelés, après avoir analysé 210 échantillons pour contrôler notamment l'exactitude des espèces annoncées.

    Si sur ce point "peu de fraudes ou de manquements ont été constatés", des soupçons d'ajouts de carbonates sont apparus, était-il indiqué.

    Des ajouts d'eau, par injection ou trempage, additionnée de sel, avaient également été constatés dans 30 des 38 échantillons jugés non conformes - soit un taux global de non-conformité de 18% sur l'ensemble des échantillons examinés - par les agents des fraudes.

    Par ailleurs, "à l'occasion des contrôles, les enquêteurs ont décelé des anomalies concernant la dénomination de vente, le pourcentage de poisson dans des produits panés de poisson, la présence de mercure ou d'histamine ou encore le déficit de poids", a ajouté la DGCCRF.

    Une précédente enquête sur les produits transformés à base de poisson

    L'association  CLCV avait déjà réalisé une première enquête en juin dernier sur les produits transformés à base de poisson, révélant que, dans 80% des cas, les produits à base de poisson pouvaient souvent contenir un mélange peu ragoutant de chute de filetage, d'arrêtes et de peau...
    Pour 35 des 70 produits analysés, aucune – ou très peu- d’informations - figurait sur l’espèce de poisson utilisée. Merlu ? Cabillaud ? Colin ? Bien souvent, le fabricant  se contente des mentions "poisson" ou "poisson blanc".

    Concernant les parties des poissons utilisées, là encore les fabricants ne sont pas clairs avec le consommateur. Seuls 20 % des produits précisaient qu’ils contenaient du filet. Pour le reste, on retrouvait pêle-mêle "poisson", "chair", "chair hachée" et parfois "pulpe". Déjà en juin, l’association CLCV dénonçait les mauvaises pratiques des professionnels : "les professionnels devraient être contraints de déclarer systématiquement la nature de la matière première employée : filet, filet haché, chair, pulpe ou autre", ajoutant qu’il "est donc urgent de définir les termes "chair" et "pulpes" de poisson et d’encadrer leur utilisation. Les consommateurs ont le droit de savoir ce qu’ils mangent et le flou qui prévaut aujourd’hui n’est pas acceptable".

    Pour le consommateur avisé, il s’agit donc d’être vigilant et de bien savoir lire les étiquettes avec trois critères clés :  

    - Vérifier l’espèce du poisson et la partie utilisée : si aucune de ces deux mentions n’est précisée, méfiance, il s’agit probablement de chair, chair hachée ou pulpe.

    - Vérifier le pourcentage de poisson sur le produit final : encore une fois, si cette information n’est pas disponible, ça n’est pas très bon signe.

    - Vérifier le nombre d’additifs présents : moins il y en a, mieux c’est !

    Annabelle Iglesias avec AFP/Relaxnews

    Source : Enquête sur l’étiquetage des poissons vendus au détail et à l’étal, CLCV, décembre 2014. Enquête réalisée du 13 au 16 décembre 2014 (accessible en ligne).



     

     

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