Vue de l'extérieur, la personne dans le coma semble plongée dans un profond sommeil. En réalité, son cerveau est en souffrance et elle doit le plus souvent être admise en réanimation. En France, plusieurs centaines de milliers de personnes seraient concernées chaque année 1.
Alors qu'on sait réanimer le cœur et les poumons, le cerveau doit récupérer seul, les soins intensifs n'ayant d'autre objectif que de le placer dans de bonnes conditions en contrôlant les fonctions vitales. Il reste donc beaucoup d'interrogations concernant l'éveil et le retour de la conscience, les ressentis des malades ou les moyens de prédire leur évolution. Doctissimo fait le point en quinze questions.
1. Qu'est-ce que le coma ?
Le coma se caractérise par la fermeture des yeux et l'absence de vie de relation (conscience, sensibilité, mouvements...). A la différence d'autres états altérés de conscience, le malade comateux garde les yeux constamment fermés, ne communique pas et n'a pas de mouvements volontaires ni de réactions aux stimulations extérieures (bruit, toucher, ordres...). Il peut toutefois conserver certains réflexes selon la profondeur de son coma, notamment à la douleur. Le coma est une urgence vitale qui nécessite une hospitalisation immédiate.
2. Quelles sont les causes du coma ?
Le coma survient lorsque le cerveau est en souffrance. L'atteinte peut être diffuse ou toucher le tronc cérébral, une zone qui participe à la vigilance et sert de carrefour aux informations nerveuses.
Les causes de cette souffrance cérébrale sont multiples. Ainsi, on distingue les comas toxiques (comas éthyliques, overdoses, intoxications au monoxyde de carbone, médicaments...), post-anoxiques lorsque le cerveau manque d'oxygène (arrêts cardiaques, hémorragies...), traumatologiques ( chocs à la tête), neurologiques ( accidents vasculaires cérébraux, méningites, tumeurs...), métaboliques (comas diabétiques, maladies rénales...), etc. Plusieurs causes peuvent se cumuler.
3. Comment évalue-t-on la profondeur du coma ?
En urgence, les médecins utilisent l'échelle de Glasgow 2, basée sur les réactions du malade à différentes stimulations (bruit, toucher, douleur). Elle est graduée de 3 (aucune réaction, coma profond) à 15 (personne parfaitement consciente). Un score en dessous de 8 caractérise le coma. L'échelle de Glasgow-Liège, graduée jusqu'à 20, y ajoute les réflexes du tronc cérébral, comme la contraction des pupilles à la lumière. Il faut cependant noter que le score obtenu a peu de valeur indicative concernant le pronostic à l'échelle individuelle (l'état du malade peut s'aggraver rapidement ou certaines causes donner un tableau sévère vite amélioré par une bonne prise en charge).
Par ailleurs, au moment de l'éveil, mieux vaut utiliser des méthodes d'évaluation plus fines, comme l'échelle révisée de récupération de coma ou CRS-R 3. Mise au point en 2004, elle prend en compte des signes de conscience beaucoup plus subtils que l'échelle de Glasgow et permet de "repêcher" plus du tiers des malades déclarés en état végétatif avec cette dernière. Les examens d'imagerie cérébrale, en particulier l' imagerie par résonance magnétique, sont encore plus précis.
4. Quelles sont les différences entre le coma, le locked-in syndrome, l'état végétatif, l'état de conscience minimale(4)... ?
Le locked-in syndrome 5 (LIS) (ou "syndrome de verrouillage" ou "syndrome d'enfermement") est un état à part dans le sens où la personne est parfaitement consciente mais enfermée dans son corps, dans l'impossibilité de s'exprimer ou bouger. Certains malades conservent des restes de motricité volontaire (LIS incomplet), d'autres parviennent à bouger les paupières ou les yeux (LIS classique), les derniers sont totalement immobiles (LIS complet).
En état végétatif, la personne est inconsciente. Elle ne communique pas et n'a pas d'action volontaire. Cependant, à la différence du coma, elle a des périodes durant lesquelles elle ouvre les yeux et conserve davantage de réflexes (respiration, déglutition).
L'état de conscience minimale (ou "pauci-relationnel") se situe entre l'état végétatif et l'éveil : la personne présente certaines réactions reproductibles, différentes des réflexes (gestes, vocalisations, regards...). Cependant, ces réactions restent minimes et fluctuantes ce qui rend leur détection difficile.
5. Qu'est-ce que le coma dépassé ?
Les spécialistes préfèrent parler de " mort encéphalique" ou de "mort cérébrale" plutôt que de "coma dépassé" (ou de "coma stade 4"). En effet, la mort encéphalique n'est pas une évolution du coma mais un état différent, irréversible, signifiant que la personne est décédée. Le scanner et l'imagerie par résonance magnétique (IRM) montrent que le sang ne circule plus dans le cerveau. L'électroencéphalogramme reste plat, de façon prolongée, malgré l'arrêt des sédatifs.
Les organes peuvent toutefois être artificiellement maintenus en "vie" (circulation du sang) dans l'éventualité d'un don d'organes 6. Le malade garde alors la même apparence que lorsqu'il était dans le coma.
6. Qu'est-ce que le coma artificiel ?
Le coma dit "artificiel" est un état voulu par les médecins, par définition réversible. Ces derniers préfèrent parler de "coma pharmacologique", d'"hypnoanalgésie" ou de "sédation-analgésie", sorte de grosse anesthésie générale, induite pour protéger le cerveau et/ou mettre en place une ventilation artificielle.
La sédation facilite la prise en charge en réanimation (tolérance à la ventilation artificielle, soins potentiellement douloureux...). Elle est maintenue grâce à un cocktail de médicaments (hypnotiques, morphiniques, parfois curares).
7. Comment les patients comateux sont-ils pris en charge ?
Lorsqu'ils découvrent une personne inconsciente, suite à un accident de la voie publique ou un arrêt cardiaque par exemple, les secours stabilisent ses fonctions vitales (respiration, circulation sanguine...), dressent un premier bilan des dommages corporels et la dirigent vers le service de réanimation le plus approprié.
Si le coma est avéré, la victime est placée sous sédation et respiration artificielle jusqu'à ce que ses fonctions vitales soient stabilisées. Deux paramètres sont plus particulièrement surveillés : l'apport de sang au cerveau afin qu'il soit correctement oxygéné et la pression intracrânienne pour ne pas qu'il soit comprimé. La complication la plus fréquente et la plus grave est le vasospasme cérébral (contraction des artères qui irriguent le cerveau). Les infections respiratoires sont courantes, liées à la perte de conscience ou à la ventilation artificielle.
http://www.doctissimo.fr/html/dossiers/traumatisme-cranien/articles/15984-coma-en-15-questions.htm