Les gouvernements wallons et bruxellois ont financé une biothèque, à raison de 3,4 millions d’euros. Le but de ce catalogue virtuel des échantillons d’origine humaine est de favoriser leur échange dans le cadre de la recherche.
1. La biobanque est un terme défini par la loi. C’est une structure de stockage d’échantillons humains destinés à la recherche. Les échantillons humains destinés aux greffes sont quant à eux stockés dans une «banque de matériel corporel humain». Chaque hôpital universitaire a sa biobanque. En Wallonie, il y a en plus l’institut de pathologie et génétique de Gosselie, en association avec les cliniques saint Pierre d’Ottignies.
2. On y stocke quoi? La biobanque est tout d’abord alimentée par le matériel résiduel. «Dans le cadre d’un traitement ou d’un diagnostic, on effectue des prélèvements, explique Jacques Boniver, médecin anatomopathologiste et coordinateur de la biothèque pour l’université de Liège. Par exemple, quand on a un nodule au sein, il est analysé en laboratoire pour le diagnostic.Le reste du matériel peut être stocké dans la biobanque.» C’est la règle de non-opposition qui prévaut: le patient est informé dans la brochure de l’hôpital que les tissus prélevés pourront être utilisés pour la recherche, sauf s’il s’y oppose. La 2e source, ce sont les tissus prélevés pour le projet de recherche, avec le consentement éclairé d’un patient. « On n’a jamais de problème à avoir l’accord d’un patient pour un prélèvement.», ajoute le médecin.
3. Comme à un congélateur La biobanque, c’est un local dans l’hôpital dans laquelle on trouve des grandes armoires réfrigérantes à -20° ou moins 80°, qui comprennent des centaines d’échantillons. Un échantillon, c’est un petit fragment de maximum 1 x 1 cm. Une même tumeur peut être divisée en plusieurs fragments. Un échantillon congelé ressemble à une fève dans un liquide protecteur, casé dans une petite boîte. Il peut être conservé 10 à 15 ans. D’autres échantillons (comme celui que l’anatomopathologiste examine sur une lame dans son labo) ne sont pas congelés mais conservés dans des blocs de paraffine. Les laboratoires doivent les conserver 30 ans, mais on pourrait les garder jusqu’à 100 ans.
4.Quelles maladies? Au niveau fédéral, il existait déjà une biobanque du cancer, «une tumorothèque», créée dans le cadre du plan cancer. La nouvelle biothèque qui vient d’être créée va plus loin, et inclut les maladies inflammatoires, neurologiques. Cette biothèque concerne la fédération Wallonie Bruxelles, et collabore avec son équivalent flamand… Cela leur permet d’être intégrés au niveau européen, dans le BBMRI-ERIC.
5. Pour obtenir des échantillons de qualité et quantité suffisante. Dans la recherche, l’équipe de médecins, biostaticiens, bioinformaticiens a parfois besoin de 50 cas, parfois de 3 000. Grâce à la base de donnée de la biothèque, ils voient quels centres ont des échantillons pour les maladies rares et orphelines. On n’échange pas n’importe quoi avec n’importe qui: le chercheur qui demande le transfert d’échantillon doit joindre son projet de recherche approuvé par une commission scientifique et un avis d’une commission d’éthique.
http://www.lavenir.net/article/detail.aspx?articleid=DMF20140505_00471848