On n’avale probablement pas d’araignées dans notre sommeil, contrairement à la rumeur. Par contre, nos aliments contiennent beaucoup plus d’insectes qu’on ne le pense. Et quelques poils de rat.
Selon une rumeur très populaire, chacun d’entre nous avalerait une moyenne de 6 araignées pendant la nuit. Pour le moment, il n’y a pas d’évidence scientifique prouvant ce fait, qui relève probablement plus du mythe urbain que de la réalité. Ce que nous savons moins, et que plusieurs experts, comme la spécialiste américaine Lisa Monachelli ou l’entomologiste et professeur à l’Université de Wageningen Marcel Dicke ont mis en évidence, c’est que chaque personne mange une moyenne de 500 grammes d’insectes chaque année, par inadvertance.
Ce chiffre peut paraître étonnant, la légalisation des insectes pour son usage alimentaire étant encore en discussion au niveau de l’Europe. Mais si on recherche parmi les ingrédients des produits qu’on consomme au quotidien et les autorisations sanitaires, les dérivés d’insectes ou morceaux d’insectes sont plus communs que ce que l’on pense.
Ces ingrédients à base d’insectes que vous consommez sans le savoir
Pour obtenir la couleur rouge de certains bonbons, charcuteries, jus, etc. on n’utilise pas des produits chimiques mais un ingrédient beaucoup plus naturel : la cochenille. Dans les étiquettes d’ingrédients, on la retrouve sous différentes appellations : E120, carmine, cochineal, carminic acid.
L’association de défense des droits des animaux Peta indique qu’il faut environ 70.000 cochenilles pour obtenir une livre (454 grammes) de colorant rouge. Ceci gêne les végans et végétariens, surtout lorsque les étiquettes ne disent pas les choses correctement, par exemple lorsque Starbucks affirmait récemment que des frappuccinos à la fraise étaient indiqués pour des végétaliens alors qu’ils contenaient de ce colorant.
A noter que si l’on n’a pas de prévention particulière envers les cochenilles, ce type de colorant est considéré comme ne provoquant aucun risque pour la santé. Il serait même meilleur pour la santé que les colorants d’origine chimique.
Le vernis des fruits : encore des insectes dans votre alimentation
La cochenille est l’insecte le plus commun dans les ingrédients des produits alimentaires, mais il existe d’autres dérivés comme le shellac ou resinous glaze. Il s’agit d’une sécrétion produite par un insecte indien, la Kerria Lacca.
Pour l’obtenir, il faut dans la plupart des cas tuer l’animal, lorsqu’il est fortement collé à sa résine. Ce qui fait aussi que dans cette résine on retrouve des morceaux de Kerria Lacca. On le trouve ainsi dans les jelly beans et dans les substances utilisées pour préserver et vernir les fruits, tels que pommes et agrumes.
Vaut-il mieux manger plus d’insectes… ou plus d’insecticides ?
En plus des ingrédients derrière lesquels se « cachent » des insectes, il est prouvé que la plupart des produits alimentaires sont susceptibles de contenir des traces d’insectes, surtout les fruits et légumes. Leur élimination complète est pratiquement impossible et trop coûteuse et impliquerait une utilisation massive d’insecticides et d’autres produits chimiques mauvais pour la santé et l’environnement.
L’administration américaine des denrées alimentaires et des médicaments (FDA) affirme que « c’est économiquement impraticable de cultiver, récolter et traiter des aliments complètement libres d’insectes ». C’est pourquoi, aux États-Unis, le contenu d’insectes et d’autres « ingrédients » tels les poils de rats dans les produits alimentaires sont rendus publics régulièrement.
Cette agence publique dépendant du Département de la Santé réalise en effet tous les trois ans une étude des « niveaux de défauts » dans laquelle ils évaluent près de 1.500 échantillons de produits achetés dans les commerces de 56 aires métropolitaines différentes.
Vous reprendrez bien… un peu de poils de rat ?
Le but est de fixer un seuil maximal de contamination ou « défauts » toléré dans la nourriture en dessous desquels on considère qu’il n’y a aucun risque pour la santé, les morceaux d’insectes ou poils de rats sont inévitables dans le processus de production.
Depuis 1985, la FDA publie son rapport The Food Defect Action Levels : Levels of Natural or Unavoidable Defects in Foods That Present No Health Hazards for Humans. C’est un document très informatif, qui établie les pourcentages et indicateurs pour savoir quand l’État doit intervenir. Mais la FDA ne publie pas les niveaux moyens d’insectes ni d’autres défauts constatés. Cependant, les montants maximum tolérés nous donnent une indication sur la présence d’insectes dans notre alimentation constatée par l’administration américaine.
100 grammes de chocolat, ce peut être jusqu’à 60 morceaux d’insectes
Voici une liste des quantités d’insectes considérées comme inoffensives pour la santé, dans les produits les plus communs, selon le rapport de la FDA :
- Épices moulues : jusqu’à 29 fragments d’insectes par 10 grammes, en moyenne, et plus d’un poil de rongeur pour… pimenter le tout.
- Curry en poudre : un moyenne de moins de 100 fragments d’insectes par 25 grammes (et moins de 4 poils de rongeur).
- Fruits rouges, en conserve ou surgelés : jusqu’à quatre larves par 500 grammes OU une moyenne de 10 insectes entiers par 500g (excluant pucerons et mites).
- Brocoli surgelé : on tolère jusqu’à 60 pucerons ou mites par 100 grammes.
- Chocolat : celui-ci est autorisé à la consommation avec un contenu maximal de 60 fragments d’insecte pour chaque 100 grammes.
- Maïs doux en conserve : on autorise moins de deux larves de 3 millimètres de longueur par boîte.
- Pâtes : jusqu’à 225 fragments d’insectes par 225 grammes de pâtes.
- Champignons en conserve : jusqu’à 20 asticots de n’importe quelle taille et jusqu’à 75 mites pour chaque 100 grammes de champignons séchés ou non.
- Tomates en conserve : on tolère jusqu’à 10 oeufs de mouche ou 2 larves de mouche par 500 grammes.
- Purée de tomates : pour celle-ci, on passe à 20 oeufs de mouche ou 2 larves par 100 grammes.
- Farine de blé : jusqu’à 75 morceaux d’insectes par 50 grammes… en plus d’un poil de rongeur.
Vous voilà avertis : vous mangez déjà des insectes, sans le vouloir, mais en quantités négligeables. Pour les défenseurs de l’entomophagie - la consommation d’insectes -, il vaut mieux manger des insectes, riches en protéines et sans impact sur l’environnement, que d’avaler des pesticides et des herbicides.
Paul Vontomme, un expert de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), affirme que c’est mieux d’éviter un excès de produits chimiques très préjudiciables à l’environnement et à la santé.
Et lorsque que personne ne peut éviter de manger des dérivés d’insectes présents dans plein d’aliments, pourquoi ne pas oser manger des grillons ou des vers directement ?
Alors, essaierez vous désormais de manger des insectes non plus à votre insu, mais délibérément, avec tous les avantages que cela comporte, mais aussi dangers ?
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