La rétinopathie pigmentaire se manifeste par une perte progressive de la vision périphérique, jusqu'à la cécité. Quelques 40.000 personnes seraient touchées en France par les différentes formes de cette dégénérescence rétinienne. Aucun traitement n'existe, mais la Sécurité sociale prend désormais en charge un outil innovant appelé Argus II, grâce auquel quelques malades, répondant à des critères précis, peuvent récupérer une partie de leur vision.
Développé par la société américaine Second Sight, la prothèse bionique se compose de lunettes munies d'une micro-caméra, d'un petit ordinateur portable à la ceinture et d'un implant rétinien. L'ordinateur permet de traduire les images perçues par la caméra en instructions transmises à l'implant rétinien, où elles sont retraitées en signaux électriques à destination du cerveau par le nerf optique. Cela induit la reconstruction cérébrale de formes visuelles, que le patient apprend à interpréter. Les malades ayant montré les meilleurs résultats ont pu percevoir des mouvements, s'orienter et se déplacer, reconnaître des objets comme des fruits ou des couverts, et lire des caractères, selon une étude publiée cette année dans le British Journal of Ophtalmology.
» Explication animée du fonctionnement d'Argus II (en français):
La prise en charge totale du coût de la prothèse Argus II par la Sécurité sociale a été annoncée ce jeudi au Journal Officiel, malgré un avis assez tiède rendu par la Haute Autorité de santé en décembre 2012. Les bénéficiaires devront répondre à des critères médicaux strictes: avoir plus de 25 ans, souffrir de rétinopathies pigmentaires de stade sévère à profond pour les deux yeux, montrer une perception résiduelle de la lumière, avoir vu correctement dans le passé. Le nombre de ces «forfaits innovation» est limité à 36, pour une durée individuelle maximale de 5 ans. Cela représente un coût de 95.897 euros par patient, incluant l'hospitalisation nécessaire à la pose de l'implant.
Seuls trois hôpitaux pourront poser Argus II: le centre hospitalier national d'ophtalmologie des Quinze-Vingts à Paris, le CHU de Bordeaux et le CHU de Strasbourg. Argus II est autorisé à la commercialisation Europe depuis 2011. Il a déjà été implanté chez 30 patients, suivis pendant 3 ans dans la cadre d'un essai clinique. D'autres dispositifs concurrents sont en cours d'évaluation clinique. Le modèle Alpha-IMS, un dispositif entièrement implanté dans l'œil, est aussi autorisé en Europe.
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