Vecteur de la dengue et du chikungunya, l’aedes albopictus est devenu la hantise des autorités sanitaires. Sur la Côte, elles sont en alerte. D’autant qu’une grave épidémie frappe les Antilles
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Les autorités sanitaires sont en alerte. Les virus du chikungunya et de la dengue peuvent arriver en métropole. Si le risque d'une épidémie équivalente à celle de la Réunion (270 000 personnes infectées par le chikungunya) n'est a priori pas une option, celui de la multiplication de foyers autochtones contaminés est, lui, bien réel. Et les villes les plus exposées seraient alors Nice et sa région, Marseille et Montpellier !
On le sait, c'est la faute au moustique tigre, de son vrai nom aedes albopictus. Des quelque trois cents espèces de moustiques recensés dans le monde, celui-ci possède toutes les tares. Il pique plus fort que les autres, ne s'attaque qu'aux humains (la très grande majorité des insectes de son espèce se contentent de cibler les animaux, voire essentiellement les oiseaux). Il vit en ville : c'est un moustique urbain. Et surtout, il est le vecteur d'infections qu'on croyait à tort réservées aux zones tropicales.
La remontée sur Paris
Si l'alerte est réelle, comme le confirme le professeur Didier Fontenille, chercheur à l'IRD, et surtout directeur du Centre national d'expertise de vecteur de ses maladies infectieuses, c'est à cause de la conjonction de deux phénomènes.
D'abord l'incroyable capacité du moustique tigre à coloniser des zones qu'on pensait à l'abri de cet insecte tropical. Apparu en 2004 pour la première fois à Menton, il s'est implanté dans tout le sud de la France et remonte doucement la vallée du Rhône. Pas encore aux portes de Paris, mais presque. « Désormais, l'aedes albopictusest implanté dans les zones urbaines de dix-huit départements : Alpes-Maritimes, Alpes-de-Haute-Provence, Var, Bouches-du-Rhône, Haute-Corse, Corse-du-Sud, Gard, Hérault, Aude, Pyrénées-Orientales, Ardèche, Vaucluse, Drôme, Isère, Rhône, Haute-Garonne, Lot-et-Garonne et Gironde. »
Bombe infectieuse à retardement
Ensuite, le risque est désormais réel qu'il puisse être une bombe infectieuse à retardement. Tant qu'il n'est pas porteur du virus de la dengue ou du chikungunya, le « tigre » est tout au plus un sujet d'irritation.
Sauf que le risque de contamination est plus que jamais important : « On en parle peu en métropole, mais les Antilles françaises, Guadeloupe et Martinique, sont confrontées à une vraie épidémie de chikungunya. Fin mai, 40 000 Antillais étaient infectés. Aujourd'hui, on dénombre plus de 70 000 malades. Cinq cents nouveaux cas sont diagnostiqués chaque jour. Or, les relations entre la métropole et les Antilles sont constantes et importantes. Un Antillais ou un touriste qui rentrerait en France infecté deviendrait donc un vecteur de contamination des moustiques tigre et ainsi de suite. »
C'est fatalement sur la Côte que le seuil d'alerte est maximum. Sous la responsabilité du conseil général des Alpes-Maritimes, l'équipe de l'EID 06 (Entente interdépartementale de démoustication) ne prend pas la situation à la légère. c'est également le cas dans le Var où les campagnes de sensibilisation des maires a débuté il y a plusieurs semaines, sous l'égide du CG 83.
D'autant que, cette année, le nombre de signalement d'Azuréens infectés par la dengue et le chikungunya à leur retour de voyage (en Asie ou dans la zone intertropicale) a augmenté : « On en dénombre huit de plus que l'année dernière », confirme Bernard Caiou, chef d'agence de l'EID.
http://www.varmatin.com/var/moustique-tigre-dans-le-var-la-cote-d%E2%80%99alerte-est-depassee.1755259.html