Âge, poids : certaines restrictions au don du sang peuvent surprendre. Décryptage avec le Dr Dominique Legrand de l'Etablissement français du sang.
Si être en bonne santé semble une condition préalable raisonnable au fait de donner son sang, d'autres critères restrictifs fixés par le décret de janvier 2009 sont moins évidents. Explications avec le Dr Dominique Legrand, directrice de l'Etablissement français du sang en Rhône-Alpes.
• Les règles qui visent à préserver la santé du donneur:
Le donneur ne doit pas souffrir d'anémie, de diabète de type 1 ou avoir eu un cancer. Les femmes enceintes sont exclues jusqu'à 6 mois après l'accouchement, de même que les mineurs (plus sensibles aux malaises) ou les personnes de plus de 70 ans qui présentent un risque accru de maladies chroniques, cardio-vasculaires notamment.
Plus étonnant, un poids corporel minimum de 50 kg est exigé pour le donneur. «La loi interdit de prélever plus de 13% du volume sanguin total d'une personne. Or, chez les personnes de petit poids et petite taille, ce volume est relativement bas. Il ne permet pas d'atteindre les 450 ml nécessaires à la fabrication d'un produit sanguin de qualité permettant d'offrir une dose thérapeutique au patient», explique le Dr Legrand.
• Les règles visant à réduire les risques de transmission d'une infection:
Les personnes ayant eu une maladie virale type grippe ou gastro-entérite doivent atteindre deux semaines après la fin des symptômes pour donner leur sang. En cas de traitement (antibiotiques, corticoïdes…), un même délai est imposé après la dernière prise.
Les personnes qui se savent infectées par une maladie transmissible par voie sanguine (syphilis, hépatites virales B et C, VIH) sont naturellement exclues.
D'autres délais de précaution s'expliquent par le temps que peut mettre un virus avant d'être détectable dans le sang - on appelle cela la «fenêtre sérologique». C'est pourquoi il faut attendre 4 mois après s'être fait tatouer ou piercer, ou après avoir eu un rapport sexuel non protégé avec un partenaire occasionnel.
Les hommes ayant eu des relations sexuelles avec des hommes au cours de leur vie n'ont plus le droit de donner leur sang depuis la publication d'une circulaire en 1983, à l'époque où il n'existait pas de test de dépistage du VIH. Aujourd'hui, cette interdiction s'appuie sur un risque de contamination plus élevé dans la population homosexuelle masculine que dans la population hétérosexuelle ou lesbienne, selon des statistiques communiquées par l'Institut nationale de veille sanitaire.
L'interdiction de donner son sang est également stricte pour les personnes ayant été transfusées. «Ici, on anticipe la possibilité que le donneur ait été contaminé, lors de sa transfusion, par une maladie émergente que nous ne savons pas encore détecter. L'idée étant d'arrêter la chaîne de transmission entre transfusés», explique le Dr Legrand.
Enfin, les personnes ayant séjourné au Royaume-Uni entre 1980 et 1986 sont elles aussi exclues pour parer au risque de contamination par la maladie de la vache folle.
VOTRE AVIS - Un rapport remis à Marisol Touraine préconise l'ouverture du don du sang aux homosexuels. Comprenez-vous cette recommandation et pourquoi? Faites-nous part de votre avis dans les commentaires ci-dessous ou en nous écrivant à temoin@lefigaro.fr.
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Pauline Fréour