• Des lentilles de contact pour mesurer la glycémie ?

    Des lentilles de contact pour mesurer la glycémie ?

    Réputé pour plancher sur des projets atypiques, Google X Lab travaille à la mise au point de lentilles intelligentes, capables de mesurer le taux de glucose dans les larmes. Une idée intéressante pour les diabétiques, selon un médecin endocrinologue belge.

     

    es lentilles de contact intelligentes, fabriquées pour mesurer, chaque seconde, dans les larmes, le taux de glucose des personnes diabétiques : bien vu !

    Comment ? Grâce à une petite puce connectée et un capteur de glucose miniaturisé, enfermés dans les deux couches de matériaux dont on fait les lentilles de contact.

    A terme, on pourrait même imaginer la possibilité d’intégrer des signaux lumineux qui préviendraient les utilisateurs des dépassements de seuil de glucose, ont fait savoir les inventeurs. Voyez-vous ça !

    Pas la peine toutefois d’en réclamer au comptoir de la pharmacie ou à son diabétologue, ce prototype, que l’on doit à Google X Lab (voir par ailleurs), n’est pas encore disponible, même si ses concepteurs espèrent bien obtenir une certification de l’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux (FDA).

    Selon leurs concepteurs, Brian Otis et Babak Parviz, des tests cliniques ont néanmoins déjà été réalisés. "Alors que la Fédération internationale du diabète a déclaré que le monde était en train de ‘perdre la bataille du diabète’, nous pensions que ce projet (NdlR : qui n’en est encore qu’à ses débuts) valait la peine d’être développé", ont-ils conclu sur le blog où a été diffusée l’information, jeudi.

     

    L’avis du spécialiste

    "C’est en effet une idée intéressante, reconnaît le Dr Michel Ponchon, chef du Service d’endocrinologie de la Clinique Saint-Jean à Bruxelles, mais il y aura encore beaucoup d’étapes à franchir avant de rendre éventuellement ces lentilles opérationnelles."

    Quelles sont-elles, ces étapes ? "Une première question importante à se poser est de savoir si la concentration de glucose que l’on trouve dans les larmes est directement proportionnelle à celle que l’on trouve au niveau sanguin, nous fait remarquer le spécialiste. Ce qui reflète la réalité de la glycémie et qui est directement corrélé au symptôme d’hypoglycémie, c’est la glycémie sanguine ou capillaire. Lorsqu’elle est trop basse, c’est-à-dire en dessous de 50 mg/dl, le patient commence à présenter des symptômes jusqu’à perdre connaissance quand il n’a plus du tout de sucre dans le sang et à tomber dans le coma. Il est donc très important que la mesure de la glycémie soit précise et particulièrement dans les valeurs basses. Car entre une valeur trop basse et une valeur normale, la frontière est fort ténue."

    Aujourd’hui, il existe des monitoring qui mesurent la glycémie en continu, dont le capteur est placé dans le tissu sous-cutané, au niveau du ventre ou de l’épaule par exemple. Cette sonde, qui reste en place 5 à 7 jours, permet de donner un enregistrement continu de la glycémie. Ces appareils coûteux sont mis à disposition des Centres de diabétologie, ponctuellement, pour répondre à des questions ciblées et faire une mise au point.

    "Cela fonctionne très bien, sauf lorsqu’il y a précisément de fortes baisses de glycémie, souligne le Dr Michel Ponchon, car le taux de sucre dans le tissu sous-cutané réagit avec retard par rapport au taux de sucre dans le sang. Ainsi, lorsque le patient consulte son écran parce qu’il commence à se sentir mal, le taux apparaît normal alors qu’il est en fait déjà en hypoglycémie. Ceci démontre que tous les environnements ne sont pas forcément bons pour mesurer le taux de sucre."

    Alors, les larmes seront-elles fiables ? "J’ignore quel est le délai d’attente entre la concentration de sucre dans une larme et celle du sang", nous avoue le médecin endocrinologue.

     

    Une mesure semi-invasive

    Si ces lentilles intelligentes devaient néanmoins voir le jour, à terme, quels en seraient les avantages ?

    "Aujourd’hui, outre le censeur au glucose (ou monitoring glycémique continu) qui sert plutôt à faire une mise au point, reste très cher et n’est pas remboursé, il n’y a finalement que le glucomètre, qui est le standard. Il s’agit d’une mesure capillaire qui consiste à piquer le bout du doigt, une à quatre fois par jour en général, pour obtenir une goutte de sang, nous dit encore le chef de service en endocrinologie. Il s’agit d’une méthode invasive, contraignante et peu agréable. Pour une série de personnes pour lesquelles la mesure capillaire au bout du doigt reste rédhibitoire, ces lentilles représenteraient donc un avantage indéniable, car il s’agit d’une mesure que je qualifierais de semi-invasive, le port de lentilles n’étant pas toujours perçu comme agréable."

     

    Un défi technologique

    Technologiquement parlant, "s’il y a un capteur continu pour mesurer la concentration de glucose dans les larmes, cela implique aussi qu’il y ait un émetteur pour transmettre les valeurs vers un récepteur, qui va stocker les données. C’est dire le degré de miniaturisation qui sera nécessaire…, s’exclame, quelque peu perplexe, le médecin spécialiste. Encore faudra-t-il que ces lentilles soient confortables à porter, qu’il n’y ait pas de réactions allergiques ni d’irritations au produit…"

    Est-ce dès lors totalement saugrenu ou néanmoins réaliste, comme projet ? "Cela me paraît réaliste et potentiellement intéressant, nous dit-il. C’est en tout cas une voie de recherche. Mais avant un éventuel passage en production, il faudra certainement encore attendre plusieurs années."

    Qu’on se le dise !

    Laurence Dardenne

    http://www.lalibre.be/actu/sciences-sante/des-lentilles-de-contact-pour-mesurer-la-glycemie-52da067b3570ba3e183cb26a

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