Bienvenue chez N.Quinn, D.Thomas, P.Robert, N.Dellis et MT Van der Maeren tous bénévoles et diabétiques. Nous faisons partie du Conseil des Patients de la Maison ABD Bruxelles Les décès de notre groupe : Axel Dierckx qui était le président du Conseil des Patients Brigitte Secat qui a été administratrice de notre association
Teddy touche pour la première fois au cannabis à 16 ans ; à 19, il est dépendant et fume dix joints par jour. Près de 10 ans plus tard, un accident de la route alors qu’il conduisait sous l’emprise du cannabis et de l’alcool le pousse à arrêter. Pour Doctissimo, le jeune homme revient sur son addiction passée et son combat actuel pour sensibiliser les jeunes aux dangers du cannabis. Témoignage.
Doctissimo : A quel âge avez-vous commencé à fumer du cannabis ?
Teddy : J’en ai fumé pour la première fois à l’âge de 16 ans, quand j’ai quitté le domicile familial pour mes études. A l’école j’étais souvent la tête de turc et j’essuyais quelques moqueries. Quand je suis parti de chez mes parents, j’ai voulu m’intégrer à un groupe et être vu comme un mec "cool". J’ai donc commencé à fumer du cannabis, pour faire comme les autres.
Doctissimo : Vous fumiez souvent ?
Teddy : Au début, un joint chaque soir, environ une semaine par mois. C’était durant la semaine de cours, quand je n’étais pas chez mes parents. Au bout d’un mois ou deux, c’était tous les jours, que je sois chez mes parents ou à l’école. Quand je suis parti travailler à Paris (Teddy est originaire de la Côte d’Or ndlr), vers 19 ans, je suis passé à 10 joints par jour. C’était plus facile de se procurer de la drogue, de trouver des dealers.
Doctissimo : Votre entourage était-il au courant de votre addiction au cannabis ?
Teddy : Au début, je l’ai caché. Mais vers 18/19 ans, j’ai annoncé à ma famille que je fumais régulièrement. Mes parents et ma sœur m’ont d’abord fait la morale avant d’essayer de m’aider. Ils pensaient que c’était une simple erreur de jeunesse. Ma mère m’a trainé chez des médecins et des psychologues. J’y allais seulement pour lui faire plaisir car à cette époque je n’avais pas du tout l’intention d’arrêter.
Doctissimo : Votre addiction au cannabis a-t-elle eu un impact sur votre vie ?
Teddy : Contrairement à d’autres personnes accros au cannabis, je ne me suis pas isolé, je n’ai pas déprimé. Au contraire, j’avais une vie sociale très active. Je sortais souvent, je voyais des amis, je travaillais. Aujourd’hui, avec le recul, je reconnais que pendant cette période, je n’étais pas autant épanoui que je le pensais. Ma priorité était toujours de me procurer du cannabis. Payer mes factures ou remplir mes papiers administratifs passaient au second plan. L’argent que je gagnais servait d’abord à payer ma drogue.
Doctissimo : Justement, le cannabis vous a-t-il entraîné vers d’autres drogues ?
Teddy : Pour moi, cela a été malheureusement le cas. Entre 20 et 23 ans, j’ai testé la cocaïne, l’ectasy, le LSD et l’héroïne. Pendant un an, j’ai consommé régulièrement de la cocaïne pour pouvoir tenir. Entre les soirées alcoolisées et ma consommation excessive de cannabis, j’étais souvent épuisé. La cocaïne me reboostait et m’aidait à me lever tous les jours pour aller travailler. J’ai eu une bonne éducation, mes parents m’ont toujours dit que le travail est important, alors je ne voulais pas me retrouver au chômage à cause de mes excès.
Pour les autres drogues, c’était vraiment pour tenter l’expérience. Je ne suis pas vraiment tombé dedans. Des amis m’avaient prévenu des dangers de l’héroïne, que c’est une drogue très addictive. Je n’en ai sniffé qu’une seule fois. Je ne voulais pas devenir dépendant à ces drogues, que je savais plus dangereuses que le cannabis.
Doctissimo : Qu’est-ce qui vous a motivé à arrêter le cannabis ?
Teddy : J’ai tenté d’arrêter une première fois en 2009, par amour, quand je suis retourné vivre à Dijon. J’ai compensé avec l’alcool. Je buvais beaucoup et parfois tout seul. Mais j’ai vite repris à fumer des joints, tout en continuant à boire.
En 2014, j’ai été victime d’un accident de la route. Je conduisais sous l’emprise des deux substances. Je revenais d’une journée de pêche durant laquelle j’avais bu entre 2 et 3 litres de bière. J’avais également fumé. J’étais littéralement défoncé et je me sentais invincible. J’ai pris un virage à 130 km/h au lieu de 80 km/h et j’ai plié ma voiture. Je m’en suis sorti juste avec un bleu, un miracle ! J’aurais pu mourir ou même tuer quelqu’un. Cet accident a été un déclic. Je devais réagir en arrêtant complètement le cannabis et l’alcool.
Doctissimo : Avez-vous été aidé ?
Teddy : J’ai arrêté le cannabis du jour au lendemain, après l’accident. Pendant mon séjour à l’hôpital, je suis tombé sur un dépliant de l’association Dépendances 21 qui aide les personnes en situation de dépendance. Je connaissais l’association car ma sœur y avait fait du bénévolat. J’ai pris rendez-vous avec le président. Ce dernier et d’autres membres de l’association m’ont d’abord aidé à monter un dossier pour ma défense puisque mes analyses de sang avaient prouvé que j’étais sous l’emprise de l’alcool et du cannabis pendant l’accident. J’ai également assisté à des réunions d’entraide organisées par l’association. J’ai consulté une fois un addictologue. Je n’ai pas eu besoin de médicaments pour le sevrage, seulement des anxiolytiques pour m’aider à m’endormir le soir. Le cannabis m’aidait à trouver le sommeil.
Doctissimo : Quelles ont été les suites de cet accident ?
Teddy : J’ai dû payer une amende de 500 euros et j’ai écopé de 60 heures de travaux d’intérêt général que je consacre à la prévention dans les écoles. J’interviens dans des collèges, lycées et entreprises pour sensibiliser les jeunes aux dangers du cannabis. Je veux leur faire comprendre que le cannabis n’est pas une porte d’entrée pour s’intégrer dans la société ou être vu comme quelqu’un de cool. Mon but n’est pas de leur faire la morale mais de les amener à réfléchir à chaque fois qu’ils consommeront du cannabis. Je veux qu’ils se posent des questions sur les dangers du cannabis à travers mon expérience. Je pense qu’il y a encore beaucoup à faire sur la prévention chez les jeunes. La mode du binge drinking et la banalisation de la cocaïne sont autant de tentations pour les jeunes avides de nouvelles expériences.
Doctissimo : Le cannabis vous manque aujourd’hui ?
Teddy : Non, le cannabis ne me manque pas. Je n’y pense plus, je n’en ai plus envie. Les deux premières semaines ont été dures car je n’arrivais pas à dormir. Mais les anxiolytiques m’ont aidé. Par contre, c’est plus difficile avec l’alcool. Anniversaires, repas de famille… les occasions de boire de l’alcool sont nombreuses. Mais j’évite d’en boire car un verre peut en entraîner un autre, puis un autre... Pour moi, la dépendance à l’alcool est plus physique que mentale. Avec le cannabis, c’est l’inverse.
Doctissimo : Avec le recul, que retenez-vous de cette période ?
Teddy : J’ai pris des risques, j’ai fait du mal à beaucoup de monde, j’ai été irresponsable mais ça ne m’importait pas à ce moment-là. Je n’étais pas prêt à voir la réalité en face. Pour pouvoir arrêter le cannabis, il faut déjà en avoir l’envie.
Teddy a témoigné dans l'émission "Toute une histoire", consacrée aux addictions des jeunes et diffusée le 18 février 2016 à 14 heures sur France 2. A revoir après la diffusion sur le site de France 2 en replay.
Créé le 17 février 2016
Sources :
Entretien avec Teddy, le 17 février 2016.
http://www.doctissimo.fr/sante/drogues/cannabis/dependance-cannabis