• Vivre avec des acouphènes

    Vivre avec des acouphènes

    01 octobre 2013 - Auteur : Ariane De Borger

    Les acouphènes sont des bruits « parasites » qu'on entend sans que ceux-ci existent réellement et qui résultent d'un dysfonctionnement du système nerveux auditif. Ils peuvent vraiment empoisonner la vie de ceux qui en souffrent.

    J’ai l’impression d’entendre siffler une bouilloire sur le feu tout au long de la journée, » raconte Bert Ghysels, 63 ans, chef de production à l’Institut des Beaux-Arts de Gand, qui a oublié depuis bien longtemps ce qu’est le silence...

    « Cela a commencé il y a environ six ans. J’ai trébuché et me suis cogné la tête sur un tuyau métallique. J’avais le crâne ouvert et j’ai entendu le médecin qui me soignait dire : « Aïe, un nerf est atteint ». Je n’y ai pas attaché beaucoup d’importance sur le moment, sans doute parce que j’étais légèrement commotionné. J’ignore s’il y a un lien direct mais, deux semaines plus tard, j’ai commencé à avoir des sifflements dans les oreilles. Loin de s’estomper, le bruit s’est mis à augmenter. Au début, il semblait situé entre mes oreilles, puis il a migré vers l’arrière du crâne.

    AVEZ-VOUS DES TENDANCES SUICIDAIRES ?

    La première fois que je me suis rendu dans l’unité spécialisée d’une clinique universitaire, je ne me rendais pas encore compte de la gravité de mon cas. Je me suis assis dans la salle d’attente, pleine de gens qui remplissaient des questionnaires à choix multiples. J’ai également dû en remplir un dans lequel on me demandait si j’avais des tendances suicidaires... J’ai coché « non ». Mais, pour la première fois, j’ai commencé à me demander sérieusement de quoi je souffrais !

    A ce moment, je pensais encore que ma gêne pouvait être soignée. Les acouphènes touchent en général ceux qui sont devenus sourds à certains sons. Comme les nerfs ne sont plus capables de transmettre certaines tonalités au cerveau, ils produisent des bruits fantômes. On m’a installé dans une cabine, un casque sur les oreilles et le médecin m’a fait écouter le son aigu que j’entends en permanence. Lorsqu’il a coupé le son et que j’ai ôté le casque, le bruit avait disparu ! J’affichais déjà un grand sourire lorsque, petit à petit, le son aigu s’est réinstallé... Chez certains, cette technique est efficace, mais chez moi pas !

    UNE SORTE DE PROTHÈSE AUDITIVE

    Un peu plus tard, un jeune audiologue a tenté le même type d’approche avec un appareil que je devais porter pendant quatorze jours. Il ressemblait à une prothèse auditive mais émettait « le fameux son » en continu afin de leurrer les nerfs. Cela n’a rien donné non plus. Je suis ensuite passé aux appareils auditifs : plus mon ouïe s’améliorerait, plus mes nerfs devraient avoir de travail et plus les bruits fantômes seraient susceptibles de disparaître. Au début, cela a donné certains résultats : j’entendais mieux lors des réunions, un immense soulagement ! Mais plus les bruits extérieurs étaient nets, plus les acouphènes s’intensifiaient. C’est devenu intenable : j’avais l’impression que ma tête allait exploser. J’ai donc renoncé à l’appareil.

    TROUVER SA MÉTHODE

    L’acteur Karel Vingerhoets (Ndlr : un acteur belge néerlandophone), souffre également d’acouphènes et a raconté son expérience dans un livre. On me conseille de le lire, mais je n’en ai pas envie. C’est son histoire, je ne me sens pas vraiment concerné. Chacun doit apprendre à vivre avec ses acouphènes, et trouver sa méthode pour les gérer.

    C’est très personnel. Je suis plutôt philosophe et cela m’aide. Quand j’en parle, je suis conscient de mes acouphènes, mais il suffit que je me concentre sur autre chose pour qu’ils passent au second plan. Comme mon métier ne m’oblige pas à rester assis toute la journée face à un écran d’ordinateur, je bouge pas mal. Je m’arrange donc pour allonger mes journées de travail de façon à être bien fatigué quand je vais me coucher. Grâce à cela, je m’endors assez facilement, malgré le sifflement. C’est parfois très gênant mais pas insurmontable. Le matin, je me réveille naturellement. Mes acouphènes me tirent rarement du sommeil.

    DEUX COURTES TRÈVES

    Mes acouphènes se sont interrompus à deux reprises. La première fois, je conduisais et, tout d’un coup, le sifflement s’est arrêté. Je me suis arrêté pour voir si je ne rêvais pas. Mais, pas de chance, il est revenu peu après. La fois suivante, cela a duré plus longtemps. J’étais à table et je bavardais lorsque j’ai ressenti un petit déclic dans la nuque et les sifflements ont disparu. Un moment de pur bonheur ! J’ai mis un doigt devant ma bouche pour indiquer à ma compagne de se taire... Mais les acouphènes sont revenus, environ une minute plus tard.

    Je comprends que les gens qui en souffrent se désespèrent. Certains n’en peuvent plus et se suicident. J’ai la chance d’être optimiste et plutôt résistant : je ne laisserai pas ce sifflement conditionner ma vie ! J’ai lu que 10 % de la population souffre d’acouphènes, c’est énorme. J’estime pourtant que je n’ai pas à me plaindre ! La tante d’une connaissance à l’impression d’entendre en permanence un hélicoptère. Alors, une bouilloire...

     

     
     
     
     
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