• Vers le pancréas artificiel

    Vers le pancréas artificiel
    (Mars 2001)

    Pas moins de trente années d'études ont été nécessaires pour aboutir à la première implantation d'un prototype de pancréas artificiel. Si cette prouesse technique nécessite encore plusieurs étapes de validation, les conditions techniques sont aujourd'hui réunies. Sa mise au point constitue un formidable espoir d'amélioration de la vie quotidienne des diabétiques.

    Le diabète est un trouble de l'assimilation, de l'utilisation et du stockage des sucres apportés par l'alimentation. C'est l'insuline, une hormone produite par le pancréas, qui régule la quantité de sucre stockée ou "brûlée" dans les cellules. Que les cellules du pancréas soient détruites ou épuisées et le manque d'insuline empêche le bon passage du sucre depuis le sang vers les tissus et une augmentation de la glycémie (taux de glucose dans le sang) responsable des complications du diabète.

    Ainsi, la mise au point d'un pancréas artificiel doit permettre d'atteindre trois objectifs : la prévention des complications du diabète, la réduction du risque d'hypoglycémie induite et l'amélioration de la vie quotidienne du malade. Pour réaliser une telle prouesse, trois éléments sont nécessaires : la pompe à insuline, le détecteur de glucose sanguin en temps réel et un dispositif de liaison entre ces deux éléments.

    La pompe à insuline

    Ce dispositif doit être capable de perfuser de manière continue et régulable l'insuline. Il doit être en mesure de modifier rapidement le taux d'insuline circulante. "Ce dispositif a été mis au point au cours de la dernière dizaine d'années, permettant l'administration d'insuline grâce à une télécommande externe" nous précise le Pr. Renard, réalisateur de la première implantation au monde d'un prototype de pancréas artificiel pratiquée à l'hôpital de Montpellier. Le modèle retenu se présente comme un "palet de hockey" de 2 cm d'épaisseur et 8 cm de diamètre recouvert de titane et pesant 130 g. Le petit entonnoir en son centre permet un remplissage transcutané d'insuline à une concentration quatre fois plus importante que celle utilisée pour les injections.

    Selon le professeur, "La faible énergie que nécessite la pompe entraîne une durée de vie de la pile à lithium de 7 à 10 ans". L'hormone est perfusée via un cathéter qui "flotte" librement dans l'abdomen.

    Le détecteur de glucose

    "C'est la pièce principale. Ce détecteur doit permettre un contrôle "sanguin" en temps réel et de manière stable. Long d'un centimètre et d'un diamètre de 3 mm, le détecteur flotte dans la veine cave supérieure, juste au-dessus du coeur. Le haut débit sanguin à cet endroit permet de réduire le risque de caillots." déclare le Pr. Renard. Enfin le tout est connecté à un fil de liaison à la pompe sous cutané qui est inapparent et impalpable. "Avec le recul de quatre mois dont nous disposons, on a constaté une fiabilité de 95 % entre les données du détecteur de glucose et les évaluations classiques faites par autocontrôle" précise le Pr. Renard.

    Du chien à l'homme

    Implanté chez des chiens rendus diabétiques, ce prototype de pancréas artificiel implantable s'est révélé capable de fonctionner "en boucle fermée", adaptant automatiquement la perfusion d'insuline à la glycémie mesurée par le détecteur.
    Aujourd'hui, quatre transplantations ont eu lieu à Montpellier et quatre autres en Californie.

    Cependant, une méthodologie rigoureuse en trois étapes sera nécessaire avant validation du procédé : étude de la faisabilité de l'implantation et du maintien du dispositif, la fiabilité du détecteur de glucose et enfin celle du système dans son ensemble.

    Actuellement, toutes les contraintes techniques semblent aujourd'hui levées et la perspective d'un pancréas artificiel semble toute proche. "Les avantages par rapport à une greffe sont de différents ordres : pas de délai d'attente, pas de prise d'immunosuppresseurs pour éviter les risques de rejets et la possibilité d'un remplacement rapide de l'installation en cas de panne" nous déclare le Pr. Renard "Un tel dispositif pourrait concerner les diabétiques instables ayant une glycémie très difficile à équilibrer. On peut évaluer leur nombre à près de 15 000". Un tel progrès permettrait une amélioration considérable de la qualité de vie des patients insulinodépendants.

    David Bême

    http://www.doctissimo.fr/html/sante/mag_2001/mag0302/dossier/sa_3633_pancreas_artificiel_02.htm

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