Un robot au secours de la fibrillation auriculaire
La fibrillation auriculaire est le trouble du rythme cardiaque le plus fréquent. Elle concerne 750 000 Français. Quand les médicaments ne permettent pas de soulager les patients, la
chirurgie peut être indiquée. Jusqu’alors limitée et complexe, elle pourrait prochainement bénéficier des progrès de la robotique, comme c’est déjà le cas à l’hôpital Saint-Joseph de Marseille.
La fibrillation auriculaire est plus fréquente avec l’âge. Survenant chez 2 à 3 personnes sur 1000 entre 55 et 64 ans, elle en concerne 35 sur 1000 après 85 ans1. Au
niveau national, 750 000 Français seraient concernés. Face à ce trouble du rythme cardiaque, le traitement médicamenteux vise à réduire ou éliminer les symptômes, prévenir le risque
d’attaque cérébrale et le développement d’une insuffisance cardiaque. En dépit d’importants efforts de développement, les médicaments n’atteignent - chez certains patients - que partiellement ces
objectifs. Dans ce cas, la chirurgie peut être d’un grand secours. Une chirurgie qui pourrait bien très prochainement bénéficier de nouveaux progrès.
Zoom sur l’ablation de la fibrillation auriculaire
Essoufflement, palpitations… La fibrillation auriculaire, est le plus fréquent des troubles du rythme cardiaque. Plus fréquent avec l’âge et en cas de maladie cardiaque, ce problème peut
être responsable de symptômes gênants et augmente le risque de complications graves : accidents vasculaires cérébraux et/ou développement d’une insuffisance cardiaque. Lorsque le traitement
médicamenteux n’est pas assez efficace, on peut proposer au patient une opération chirurgicale appelée "ablation de la fibrillation auriculaire".
Pratiquée sous anesthésie générale, elle vise à détruire les zones responsables de la fibrillation au niveau du coeur. Pour cela, le médecin réalise une carte en trois dimensions de l’activité
électrique cardiaque. L’intervention consiste à introduire une ou plusieurs sondes au niveau de l’aine, puis à les acheminer jusqu’à l’intérieur de l’oreillette gauche à proximité des veines
pulmonaires. Grâce à la modélisation simultanée en 3D, les zones anormales responsables de la fibrillation sont identifiées et détruites par un courant de radiofréquence à l’aide du cathéter. On
parle alors d’ablation par radiofréquence. Le taux de guérison est important (70 à 80 % selon le type de fibrillation auriculaire) : le rétablissement du rythme cardiaque améliore la
capacité à l’effort, les symptômes et la qualité de vie du patient. Néanmoins, ces techniques comportent certaines limites et certains risques.
La robotique permet une intervention plus sûre et plus rapide
Malgré ces bons résultats, cette technique reste difficile d’accès. A l’origine de cette situation, on trouve plusieurs causes. D’une part, les opérations sont longues et nécessitent une équipe
pluridisciplinaire bien formée. Le résultat de la technique (en particulier la qualité de contact et la précision du cathéter) reste très lié à la qualité de l’opérateur. L’exposition aux rayons
X pour le patient et le praticien constituent également des éléments à prendre en compte. Enfin, les récidives précoces et tardives nécessitant parfois une ré-intervention et les rares
complications peuvent être parfois sévères (épanchements péricardiques, accidents vasculaires cérébraux, hématomes…).
Mais ces procédures pourraient s’affranchir de ces contraintes grâce aux progrès de la robotique. C’est le pari choisi par l’hôpital Saint Joseph de Marseille, dont l’unité de rythmologie vient
de se doter du premier robot électromécanique pour le traitement des arythmies : le robot Hansen Sensei2. Avec plus de 500 interventions par an dans le traitement des
arythmies cardiaques par radiofréquence (dont 300 ablations de Fibrillation Auriculaire), l’Unité de rythmologie de l’Hôpital est l’un des 3 plus gros centres en France.
Selon le Docteur André Pisapia, rythmologue et coordonnateur de la Fédération de Cardiologie, la robotique permet de rendre le geste de l’opérateur plus précis, d’augmenter la sécurité et
l’efficacité des interventions et de réduire l’exposition aux rayons X du patient et du rythmologue. Conséquence : l’opération serait plus rapide et plus sûre. Mais aujourd’hui, les
résultats sur l’homme bien qu’encourageants restent limités (une dizaine d’interventions)3.
Demain, la robotique pourrait cependant grâce à ses récents progrès trouver des applications multiples en chirurgie cardiaque. Les procédures impliquant des robots flexibles endovasculaires (des
sondes téléguidées capables de naviguer dans les artères) pourraient demain être utilisées pour le traitement des anévrysmes et des dissections de l’aorte, des maladies des carotides et des
coronaires, des occlusions chroniques totales ou des ischémies aiguës du membre inférieur.
David Bême, décembre 2009
1 - N Engl J Med,Vol.344,n°14- April 5,2001-1067-1077
2 - Conférence de presse "La robotique : Un nouvel outil dans le traitement des arythmies cardiaques ? & Futures applications endovasculaires" - 4 décembre 2004
3 - Un seul centre au monde est actuellement équipé d’un robot éléctromécanique pour effectuer des procédures endovasculaires sur l’homme : le Service du Pr. NJ Cheshire de l’Impérial
College of London. Après des expérimentations sur des modèles en silicone, l’équipe a déjà réalisé plus d’une dizaine d’interventions sur l’Homme.
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http://www.doctissimo.fr/html/dossiers/maladies_cardiovasculaires/articles/14071-robot-fibrillation-auriculaire.htm