• Témoignage d'Henriette diabétique

     

    Le diabète dans ma vie

     

     

     

    Je suis née en 1929 dans une petite localité ardennaise.  J’ai hérité à la fois de l’obésité et du diabète de ma mère qui pesait 135 kg à 45 ans lors de son décès en 1935.

     

    A cette période-là, le traitement médical de ma mère se résumait à ceci : vous perdez du sucre par les urines, il faut en rajouter dans la nourriture.  C’est ainsi qu’elle mangeait :

    le matin : 2 oeufs au lard avec pain de seigle

    le midi  des pommes de terre à volonté

    chaque jour :une livre de sucre.

    C’était un raisonnement logique.  Il ne faut pas oublier que l’insuline n’a été découverte  qu’en 1922, au Canada !  (Bien loin d’un petit village de notre Ardenne)

     

    A 16 ans, je pesais 74 kg et, à l’âge de 20 ans, lors de ma première consultation chez le généraliste, la glycémie du matin était déjà de 1,43 g/l.  Ce n’est que vers l’âge de 30 ans que j’ai été dirigée vers le Professeur Jean PIRART, un des pionniers de l’ABD. C’était encore l’hyperglycémie provoquée (triangle) que l’on utilisait pour diagnostiquer le diabète.

     

    Selon le Pr. PIRART,  le fait de soigner le diabète freine la progression du mal, sans plus, la guérison n’étant jamais au rendez-vous !  Il m’a aidée à perdre +/- 20 kg (régime alimentaire et sport). Mais le poids que j’avais perdu alors  je l’ai repris au cours des années, notamment au moment de la ménopause.

     

    Il est difficile de se conformer longtemps aux recommandations strictes du médecin.  Puisqu’au début de la maladie on ne ressent aucune douleur, on ne réalise pas la gravité de cette pathologie silencieuse qu’est le diabète, ni ses effets dévastateurs à long terme.  A cette époque, le contrôle quotidien du diabète se faisait à l’aide de tigettes urinaires, dont les résultats décalés étaient sujets à variations incontrôlables.  Ne pas oublier que la  quantité de liquide absorbée influence la glycosurie.

     

    En décembre 1993, opération du cancer du sein et radiothérapie de 33 séances.  L’hémoglobine glycosylée est montée jusqu’à 13,4 ce qui a déclenché le passage à l’insuline en janvier1995. J’ai connu le contrôle direct de la glycémie journalière et le verdict irrévocable de l’hémoglobine glycosylée.  Mais l’insuline n’est pas synonyme de guérison, c’est une béquille à vie !  L’homme est lent, très lent à comprendre ! Mais j’ai finalement été convaincue de l’utilité d’une alimentation saine et de la pratique d’un sport

     

    Comme on le sait : « Mieux on connaît les règles du jeu, mieux on joue le jeu ! », et je me suis dit qu’il fallait jouer franc-jeu vis-à-vis de moi-même et accepter la maladie et son traitement.  De ce fait, l’observance des règles contraignantes s’est transformée en une autodiscipline totalement acceptée puisque j’avais les preuves du bien-fondé de ces exigences.  Je me suis donc documentée sur le diabète pour mieux comprendre l’attitude à adopter : sport – régime alimentaire – médication.  J’ai ainsi découvert qu’il est possible de manger COMME TOUT LE MONDE DEVRAIT MANGER, c’est-à-dire prendre de tout, en petite quantité, pour couvrir les besoins en protéines, en minéraux, en oligo-éléments, en vitamines,  tout en respectant une glycémie la plus proche possible de la normale. J’ai cherché des recettes culinaires adaptées et goûteuses pour préserver le plaisir du partage des repas.  N’est-il pas vrai qu’« on tient un homme par le ventre et par la fourchette », n’est-ce pas, mesdames ?

     

    Je dois reconnaître que j’ai la grande chance de trouver constamment un soutien psychologique incalculable auprès de mon mari.  Je ne pourrai jamais assez le remercier pour cela.

     

    Sur le plan médical, je reçois des encouragements répétés de Michèle, infirmière minutieuse et combien compétente, que je rencontre régulièrement chez le diabétologue qui me prend en charge.

     

    Merci aussi à celles et ceux qui organisent les rencontres du Groupe des Personnes Diabétiques de Bruxelles.  Par le choix des orateurs qu’ils présentent, ils nous permettent de bénéficier d’enseignements de qualité formulés dans un langage simple.

     

    Merci enfin à l’Association Belge du Diabète (du scientifique au bénévole),  qui ne cesse d’œuvrer dans l’espoir d’épargner aux générations futures les contraintes que nous connaissons aujourd’hui.

     

     

    Henriette Ghisdal-Huin.

    Décembre 2008.

    « Signes du manque de sucre au niveau du cerveauHyperglycémie provoquée par voie orale (HPO) »
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