Quand l'insuline fait de la résistance !
"Mon docteur me dit que je fais du sucre", "Mon pancréas marche moins bien". Avant l'apparition du diabète de type
2, différents mécanismes sont en marche. Le principal est la survenue de la résistance à l'insuline. Découvrez plus en détails cet état de "prédiabète" et les solutions pour y faire
face.
Le diabète de type 2 associe une résistance à l'insuline et une anomalie de sa sécrétion à des degrés variables. Ce
problème est fréquemment associé à d'autres problèmes de métabolisme regroupés sous le terme "syndrome métabolique".
Comment apparaît l'insulino-résistance ?
Produite par le pancréas, l'insuline a pour mission de réguler le taux de glucose (de sucre) dans le sang, en favorisant son entrée dans les cellules et sa
conversion en énergie. Mais une mauvaise hygiène de vie (sédentarité, mauvaise habitudes
alimentaires.) vont favoriser l'augmentation du cholestérol, le surpoids et l'obésité. Une accumulation de gras
autour de la taille (adiposité abdominale) va perturber le rôle de l'insuline. Ce phénomène dit de « résistance à l'insuline » se traduit par une moins bonne utilisation du sucre par
l'organisme et donc un taux de sucre dans le sang (glycémie) plus important. Cette augmentation du taux de sucre dans le sang hyper-stimule le pancréas, qui augmente la sécrétion d'insuline pour
compenser. Au bout d'un certain nombre d'années d'évolution, le pancréas s'épuise, l'intolérance au glucose apparaît, puis le diabète de type 2. Pour en savoir plus sur ce phénomène,
n'hésitez pas à découvrir notre animation "Le diabète de type 2 en images".
Cette résistance à l'insuline peut se diagnostiquer par une augmentation du tour de taille. Un simple mètre de couturière
permettrait ainsi de détecter précocement une nouvelle entité ennemie de vos artères et de votre pancréas : le syndrome X ou syndrome métabolique.
Le syndrome métabolique, qu'est-ce que c'est ?
On parle de syndrome métabolique (encore appelé syndrome X, syndrome d'insulino-résistance, syndrome pluri-métabolique ou
encore "the deadly quartet", le quartet mortel) lorsqu'une personne présente au moins trois des cinq paramètres suivants :
-
Tour de taille > 102 cm chez les hommes et > 88 cm chez les femmes - à moduler selon le groupe
ethnique ;
-
Cholestérol HDL (bon cholestérol) < 40 mg/dl chez les hommes et < 50 mg/dl chez les femmes (ou sous
traitement pour un excès de cholestérol) ;
-
Triglycérides > 150 mg/dl (1,7 mmol/L) (ou sous traitement pour un excès de triglycérides) ;
-
Glycémie à jeun > 1 g/dl (ou sous traitement pour un diabète) ;
-
Tension artérielle > 130-85 mm Hg (ou sous traitement pour une hypertension).
Ce phénomène devient plus fréquent avec l'âge, en cas d'antécédents cardiovasculaires, de surpoids, de manque d'activité
physique, de tabagisme. Aux Etats-Unis, 22 % des américains de plus de 20 ans présentent ce syndrome*. Ce chiffre est encore plus élevé chez les Américains d'origine
mexicaine
Vers une nouvelle prise en charge plus globale
Insulino-résistance, hypertension,
excès de cholestérol, surpoids. Ces phénomènes sont étroitement liés.
Il y a ainsi deux fois plus d'anomalies du bilan lipidique et de cas d'hypertension chez les patients diabétiques que dans la population générale américaine. A ce titre, le syndrome métabolique
reflète l'installation d'une insulino-résistance qui se répercute sur tout l'organisme, avec notamment une accélération de l'athérosclérose et des complications cardiovasculaires. Loin d'être
anodin, la mortalité globale à 7 ans atteint 18 % en cas de syndrome métabolique associé au diabète type 2, contre 4,6 % s'il est absent*.
Selon le Dr Sachs, endocrinologue à l'hôpital Avicenne, Bobigny, ces définitions ne sont pas encore consensuelles, mais il
apparaît dès maintenant de dépister l'insulino-résistance chez les personnes obèses (10 % des français) ou en surpoids (30 %).
Selon le Pr. Valensi, de l'hôpital Jean Verdier, Bondy, "les mesures hygiéno-diététiques, avec une réduction pondérale
modérée (de 5 à 10 %) améliorent régulièrement les composantes du syndrome d'insulino-résistance". Certains traitements oraux (comprimés) peuvent compléter cette action, seuls ou en
association, notamment en cas de surpoids, d'excès de cholestérol, d'hypertension artérielle. Le diabète de type 2 s'intègre donc souvent dans une prise en charge pluridisciplinaire basée sur
l'insulino-résistance dans son ensemble, et non uniquement sur le contrôle glycémique.
Dr Jean-Philippe Rivière et David Bême
Source : Medec 2003
* Diabetes Care, volume 24, avril 2001
http://www.doctissimo.fr/html/dossiers/diabete/articles/6593-diabete-insulino-resistant.htm