Lettre d'information n° 57 - Septembre 2005
Le risque cardiovasculaire global
Les maladies cardiovasculaires restent la première cause de mortalité adulte dans les pays industrialisés. Cette année, lors de la semaine du cour, La ligue cardiologique belge a choisi de
nous sensibiliser sur le risque cardiovasculaire global. Pour en savoir plus, nous avons rencontré le Pr. Benoît Boland, interniste aux Cliniques universitaires Saint-Luc, spécialiste en
prévention cardiovasculaire.
Qu'est ce que le risque cardiovasculaire global ?
C'est le risque de présenter une crise cardiaque ou une thrombose cérébrale. Ces accidents sont trop fréquents. Ils sont dû à la maladie des artères appelée "athérosclérose".
L'athérosclérose est une infiltration de la paroi des artères par du cholestérol et de l'inflammation. L'artère est ainsi fragilisée et sa tunique interne peut se déchirer. Le sang réagit
alors en formant un caillot qui malheureusement peut boucher l'artère. Le tissu en aval (cour, cerveau,..) n'est plus irrigué, ce qui provoque l'accident vasculaire (crise cardiaque,
thrombose cérébrale....)
Pourquoi le risque est-il qualifié de global ?
Il est global à plusieurs niveaux.
D'abord, il est global car il concerne tout l'arbre artériel. Beaucoup de branches peuvent subir cette athéromatose (accumulation de cholestérol et d'inflammation dans la paroi artérielle).
Cette "bouillie graisseuse" peut s'implanter dans les artères irriguant le cour, le cerveau, les reins et les jambes.
Ensuite, le risque est global parce qu'il est provoqué par un ensemble de facteurs irritant l'artère: le tabagisme (même passif), l'inactivité physique, une alimentation trop grasse, un
excès de poids, de l'hypertension, un taux de cholestérol perturbé (trop de mauvais ou trop peu de bon), du diabète et l'âge (bien que les femmes soient protégées jusqu'à la ménopause).
Enfin, la prise en charge doit aussi être globale et les facteurs de risques doivent être abordés dans leur ensemble et non pas de manière séparée.
Comment évalue-t-on le risque ?
Pour évaluer la santé de ses artères, il existe une méthode simple qui compte 8 facteurs. Ceux-ci sont associés aux 8 premières lettres de l'alphabet:
A:
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Age
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individu de plus de 50 ans
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B:
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Briquet (tabac)
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tabagisme (à partir d'une cigarette par jour)
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C:
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Cholestérol
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cholestérol perturbé
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D:
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Diabète
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diabète de type 2 connu
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E:
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Evènement
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antécédent personnel d'un événement cardio-vasculaire
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F:
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Famille
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présence d'un antécédent familial précoce
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G:
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Graisse
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Obésité, ou tour de taille excessif (H ≥ 102cm, F ≥ 88cm)
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H:
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Hypertension
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TA> 14/9, traitée ou non
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Tous ces facteurs doivent être envisagés car il est démontré qu'il est plus dangereux de cumuler plusieurs facteurs modérés que de présenter un seul facteur de manière importante. Les
adultes qui cumulent plusieurs facteurs sont ceux qui feront le plus de crises cardiaques (infarctus, ...) et de thromboses cérébrales.
L'athéromatose est une maladie sournoise car on ne la sent pas s'installer; c'est pourquoi l'adulte désireux de faire un bilan de santé doit penser à ses artères. Son médecin généraliste
pourra passe en revue avec lui les différents facteurs de risque lors d'une visite médicale.
Si vous êtes concernés par un de ces facteurs de risque (ABCDEFGH), lors de la prochaine visite chez votre médecin généraliste, demandez-lui d'évaluer votre risque global ! Il déterminera
votre niveau de risque global: faible (vert), modéré (orange) ou élevé (rouge).
S'il est vert, tant mieux: gardez un mode de vie sain.
Un signal orange vous invite à corriger votre mode de vie: bougez, mangez sain, et perdez du poids.
Si votre niveau de risque est au rouge, il est important que vous suiviez un traitement global. Avec votre médecin, vous progresserez pour atteindre une suite de cibles thérapeutiques (mode
de vie, médicaments, taux de pression artérielle et de cholestérol, ...) et ainsi diminuer au fur et à mesure votre risque cardiovasculaire.
10% des adultes belges se situent dans la catégorie à haut risque cardiovasculaire. Beaucoup s'ignorent et c'est surtout parmi cette population qu'il y a des accidents. Leur probabilité de
faire un accident sévère (cardiaque ou cérébral) dans les 10 ans est de 20 %
Quelles sont les recommandations à suivre pour diminuer un risque élevé ?
Pour diminuer un risque élevé, il faut principalement combiner changement de mode de vie et médicaments. Supprimer le tabac, adopter une alimentation méditerranéenne et faire régulièrement
de l'exercice physique, tout en prenant des médicaments pour diminuer l'activité des plaquettes (aspirine), le taux de cholestérol (statine) et la pression des artères.
Suivre ces recommandations peut diminuer le risque de moitié !
Quel est l'état de la prévention en Belgique ?
La prévention se développe. Dans les écoles de médecine, les futurs médecins sont mieux formés à la prévention. Chaque année, la Ligue cardiologique belge organise une semaine du coeur pour
sensibiliser la population. En Communauté française, un centre de référence pour la promotion de la santé en médecine générale a vu le jour en 2003. Son but principal est de former les
médecins généralistes et faire évoluer leur pratique pour diminuer l'incidence des accidents cardiovasculaires.
Signalons aussi les initiatives pour favoriser une meilleure alimentation, dès l'école (en remplaçant les sodas par du lait, les chocolats par des fruits, ...).
Il reste cependant beaucoup de progrès à faire: les Belges mangent mal, bougent peu et près de 30 % fument. Il est important de prendre conscience que pour garder des artères jeunes, il
faut cultiver sa santé: ne pas fumer, manger sain et faire chaque jour des activités physiques.
L'expression "On a l'âge des ses artères" est tout à fait significative. L'athéromatose leur donne un grand "coup de vieux". Les médicaments ne peuvent pas tout résoudre, l'essentiel est
d'avoir une bonne hygiène de vie. La santé de nos artères est entre nos mains !