Le diabète, une maladie dangereuse pour le coeur et les vaisseaux
Environ 3 % des Français sont atteints de diabète, une affection qui tend actuellement à se répandre. Or, cette
maladie expose à l’apparition précoce de complications cardiovasculaires, qui peuvent être graves.
Par définition, le diabète correspond à un excès de glucose dans le sang. Dans plus de 9 cas sur 10, il s’agit d’un
diabète de type 2, que l’on rencontre chez des adultes ayant dépassé la cinquantaine, souvent sédentaires et en surpoids. Le diabète de type 1 est moins fréquent et on peut le
diagnostiquer dès l’enfance ou l’adolescence. Mais, dans les deux formes de diabète, on observe des altérations des gros et des petits vaisseaux sanguins.
Les grosses artères du coeur, de la jambe et du cerveau sont souvent touchées
En raison de l’hyperglycémie chronique et/ou de son association à d’autres facteurs de risque cardiovasculaire comme
l’excès de triglycérides sanguins, l’obésité, l’hypertension artérielle, la sédentarité..., le diabète favorise le développement de plaques graisseuses (athérosclérose) au niveau des grosses
artères (macroangiopathie).
Le vieillissement accéléré des artères coronaires du coeur détermine ainsi une mortalité prématurée chez les diabétiques,
en particulier chez les femmes, habituellement protégées contre les maladies cardiovasculaires jusqu’à la ménopause.
-
La probabilité de développer un infarctus du myocarde est multipliée par deux à quatre chez un diabétique en
comparaison d’un non diabétique et ces infarctus sont deux fois plus souvent mortels.
-
Les diabétiques sont deux fois plus enclins que les personnes non diabétiques à développer une artérite des membres
inférieurs, un risque encore accru s’ils fument beaucoup.
-
Enfin, ces patients sont plus souvent victimes d’accidents vasculaires cérébraux et ces problèmes sont, en général là
aussi, plus graves que chez les non diabétiques.
Mais, les petits vaisseaux sont également concernés
Si l’atteinte des gros vaisseaux fait la gravité de la maladie diabétique (infarctus du myocarde, accidents vasculaires
cérébraux), celle des petits vaisseaux comme les artérioles et les capillaires induit des complications propres au diabète. Cette microangiopathie est directement en rapport avec l’hyperglycémie.
L’atteinte des petits vaisseaux irriguant la rétine détermine ainsi des altérations visuelles, qui passent longtemps inaperçues mais peuvent aboutir à une cécité. La circulation sanguine est
également souvent moins bonne au niveau des vaisseaux des pieds. Ceci aggrave les conséquences d’une éventuelle atteinte des grosses artères des jambes et explique la nécessité de recourir
parfois à une amputation des orteils lorsque ceux-ci ne sont plus suffisamment irrigués. De plus, le diabète expose à des lésions précoces des petits vaisseaux irriguant les reins, avec le risque
de voir se développer une insuffisance rénale.
Comment limiter les risques pour le coeur et pour les vaisseaux ?
De nombreux diabétiques, en particulier de type 2, présentent de nombreux facteurs de risque dont les effets
négatifs se renforcent mutuellement. S’il est fondamental de normaliser le taux de glucose sanguin grâce au régime alimentaire et à la prise de médicaments anti-diabétiques oraux ou d’insuline,
il est également essentiel d’éliminer dans le même temps ces paramètres de risque supplémentaire.
Ces mesures passeront par la correction d’un surpoids, d’une alimentation trop riche en graisses ou en alcool et la
pratique régulière d’une activité physique. Bien sûr, la découverte d’un diabète doit également conduire à se débarrasser définitivement du tabac. Enfin, une bonne hygiène des pieds est
indispensable pour prévenir l’apparition d’infections au niveau des orteils, qui aggraveraient les lésions vasculaires des extrémités. Il faudra en outre normaliser autant que possible les
chiffres de la tension artérielle et corriger d’éventuelles anomalies lipidiques, qui ont persisté après diminution des apports en graisses. Ce qui peut nécessiter la prise de médicaments
anti-hypertenseurs ou hypolipémiants.
Des malades bien suivis sur le plan cardiovasculaire
Les diabétiques doivent être attentivement suivis sur le plan cardiovasculaire. Il est habituel de pratiquer un
électrocardiogramme pour déterminer si les artères coronaires sont atteintes par l’athérosclérose. Néanmoins, les atteintes coronaires s’accompagnent moins souvent de signes électriques au repos
chez les diabétiques que chez les autres malades coronariens. De ce fait, on a tendance à demander plus volontiers chez eux une épreuve d’effort ou une échographie-Doppler pour vérifier l’état du
coeur, ou même à pratiquer une coronarographie lorsque l’on redoute une sténose, c’est-à-dire le rétrécissement, des artères coronaires. Une échographie-Doppler sera également prescrite, lorsque
l’on pense que les artères des jambes ou les artères carotides du cou sont envahies par l’athérosclérose. Enfin, la réalisation régulière d’un fond d’oeil permettra de vérifier la qualité de la
circulation rétinienne. La capacité de filtration des reins sera appréciée indirectement en regardant le taux sanguin de créatinine ainsi que la quantité d’albumine qui passe dans les
urines.
Des traitements spécifiques en cas d’anomalie cardiaque ou artérielle
Hors les médicaments anti-angineux, le traitement des anomalies coronaires repose sur la chirurgie (pontage) ou, de plus
en plus souvent, sur l’angioplastie, une technique qui consiste à élargir le diamètre des artères coronaires obstruées en y introduisant un ballonnet puis en le gonflant. Un petit ressort ou
"stent" sera ensuite laissé en place. Reste que chez les diabétiques, le risque de rétrécissement secondaire ou “resténose” est particulièrement important, même en présence de stent, car les
lésions d’athérosclérose sont souvent longues et multiples. Pour limiter l’ampleur de ce problème, on discute donc aujourd’hui la possibilité d’utiliser prioritairement chez ces malades des
stents recouverts de substance anti-sténose, comme le "sirolimus". Malheureusement, si ces stents actifs sont très efficaces, ils ont aussi l’inconvénient d’être très onéreux ! Quant aux
lésions des artères des jambes ou des artères carotides, elles se traitent, soit par chirurgie ou angioplastie.
Dr Corinne Tutin
Sources :
Gu K, Cowie CC, Harris MI. Diabetes and decline in heart disease mortality in US adults. JAMA 1999;281:1291-1297.
Kannel WB, McGee DL. Diabetes and cardiovascular disease: the Framingham study. JAMA 1979;241:2035-2038.
Manson JE, Colditz GA, Stampfer MJ, et al. A prospective study of maturity-onset diabetes mellitus and risk of coronary heart disease and stroke in women. Arch Intern Med 1991;151:1141-1147.
Wingard DL, Barrett-Connor E. Heart disease and diabetes. In: Harris MI, Cowie CC, Stern MP, Boyko EJ, Rieber GE, Bennett PH, eds. Diabetes in America. 2nd ed. Bethesda, Md.: National Institutes
of Health, 1995:429-48. (NIH publication no. 95-1468.)
Panzram G. Mortality and survival in type 2 (non-insulin-dependent) diabetes mellitus. Diabetologia 1987; 30: 123-31.
http://www.doctissimo.fr/html/dossiers/diabete/articles/7354-diabete-cardiovasculaire-danger-02.htm