• La transplantation d'îlots de Langerhans

    Lettre d'information n° 59 - Novembre 2005

    La transplantation d'îlots de Langerhans

    Le diabète est une maladie caractérisée par une concentration trop élevée de glucose dans le sang (ou hyperglycémie). Une hormone appelée insuline permet de réguler l'apport de glucose, sans elle, il s'accumule.

    On distingue 2 types de diabète:

    - Le diabète de type I, qui survient lorsque le pancréas ne produit pas l'insuline indispensable à la survie. Dans ce cas, il faut administrer l'insuline par injection. Le type I est plus fréquent chez l'enfant et l'adolescent et concerne 10 à 15 % des diabétiques.

    - Le diabète de type II survient lorsque l'organisme est incapable de fournir assez d'insuline pour répondre aux besoins ou d'utiliser comme il convient l'insuline produite. Cette affection peut être maîtrisée par un régime alimentaire spécial, des médicaments par voie orale et des exercices physiques systématiques. Le diabète de type II touche avant tout l'adulte, et il s'agit de loin de la forme la plus fréquente de diabète, présente chez 85 à 90 % de tous les diabétiques.

    Les îlots de Langerhans sont composés par différents types de cellules endocrines dont celles qui sécrètent l'insuline. pour les extraire, le pancréas est "digéré" et seuls les îlots sont conservés. Ceux-ci représentent 2 à 3 % du volume total du pancréas.

    Les premières greffes d'îlots de Langerhans humains datent du début des années 70. Ces premières transplantations donnaient de mauvais résultats. Peu de patients pouvaient se passer d'insuline après l'intervention. L'insulino-indépendance à un an n'était que de 9 %.Le taux de réussite va être amélioré en 2000 par une équipe de chercheurs d'Edmonton (Canada) grâce à l'application d'un nouveau protocole: la suppression des corticoïdes dans le traitement immunosuppresseur.

    Lors d'une greffe, la prise d'immunosuppresseurs permet d'éviter le rejet par l'organisme du patient receveur. Dans les anciens protocoles, des corticoïdes étaient utilisés, mais la cortisone à un effet diabétogène (elle favorise le développement du diabète).

    Avec le protocole d'Edmonton, les résultats se sont avérés bien meilleurs. L'insulino-indépendance des patients greffés atteint un taux de réussite de 90 % à 15 mois, 50 % à 3 ans.

    Les clés de cette réussite sont outre la suppression des corticoïdes, une meilleure sélection des receveurs (patients au diabète instable ayant des hypoglycémies sévères..) et l'obtention d'îlots de meilleure qualité.

    La transplantation de pancréas est une intervention lourde qui requiert une anesthésie générale. La transplantation d'îlots est une technique "élégante" et plus confortable pour le patient car l'intervention, sous anesthésie locale, dure de 10 à 15 minutes.Les îlots sont injectés dans le foie via la veine porte. S'il n'y a pas de complications, le patient peut rentrer à son domicile 24 heures après l'intervention.L'objectif principal d'une transplantation d'îlots est l'amélioration de la qualité de vie du patient à moindre risque en normalisant la glycémie et réduisant le risque des pathologies causées par le diabète.

    Il faut deux à trois donneurs pour un receveur. La réussite de la greffe va dépendre de la qualité des îlots des donneurs. Malheureusement, cette dernière diminue de plus en plus.

    Nous travaillons donc pour augmenter la qualité des îlots et avons développé une nouvelle technique de "digestion" du pancréas pour les extraire. Cette technique donne de meilleurs résultats. Cinq injections d'îlots obtenus avec cette nouvelle technique ont déjà été pratiquées, dont une première européenne: une greffe d'un donneur à "cour non battant". (le prélèvement du pancréas se fait habituellement sur un donneur en état de mort cérébrale). Le patient receveur a vu sa qualité de vie augmenter considérablement. Sa prise d'insuline a diminué de 45 % et il n'a plus eu de crise sévère d'hypoglycémie pendant 15 mois.

    Les diabétiques de type 1, dont le diabète, extrêmement instable, entraîne des pathologies des reins, de la rétine ou des affections nerveuses. Quand le traitement à l'insuline ne suffit plus, on envisage tout d'abord une greffe de pancréas, puis d'îlots.

    Les indications de transplantation d'un patient diabétique de type 2 ne sont pas encore définies.

    Trouver des donneurs reste problématique. Les recherches s'orientent vers une source alternative aux banques de donneurs: l'utilisation de xénogreffe (greffe d'une espèce à une autre). Nous travaillons sur la possibilité de greffer des îlots de Langerhans porcins car ils offriraient une solution alternative. En effet; l'insuline porcine est fort semblable à l'insuline humaine.

    Elles se concentrent aussi sur la possibilité de transplanter les îlots sans utilisation d'immunodépresseurs. Les îlots sont "encapsulés" pour les protéger du rejet par le système immunitaire du receveur. L'objectif est de réussir à greffer les îlots sans prise d'immunodépresseurs, un confort supplémentaire pour le patient qui ne subirait plus les effets secondaires de ceux-ci.

    La greffe d'îlots est une technique en développement et encore peu répandue. Elle offre de belles perspectives de traitement du diabète de type 1 mais de nombreuses questions biotechnologiques et éthiques restent encore à investiguer.

    http://www.saintluc.be/actualites/newsletters/059/index.php

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