• L'arme absolue contre les virus

    L’arme absolue contre les virus

    Les médecins seraient-ils plus forts que les militaires ? Alors que l’armée essaye en vain de développer des missiles anti-missiles et autres leurres, les scientifiques ont réussi à mettre au point une "arme" pour intercepter les virus. Elle empêcherait les microbes de s’attaquer aux cellules.

    Comment arrêter un objet avant qu’il n’atteigne sa cible ? Cette question, ce ne sont pas des militaires qui se la sont posée, mais des chercheurs de l’Université du Michigan (Etats-Unis). Pour être exact, la question était : comment intercepter les virus avant qu’ils n’infectent les cellules ? Ces scientifiques ont peut-être trouvé l’arme absolue, qui se rapproche plus du papier tue-mouche que du missile leurre !

    Scotcher les virus

    Bien sûr, il ne s’agit pas d’un réel papier tue-mouche, mais d’un équivalent à l’échelle moléculaire. Les scientifiques américains ont présenté leurs travaux lors du congrès annuel de l’American Chemical Society, début août.

    Un leurre contre les virusLe principe est simple : pour infecter une cellule, un virus commence par se fixer à la surface de celle-ci. Pour cela, il utilise un récepteur présent sur la cellule. Pour stopper le virus, il suffirait donc de fabriquer un support sur lequel on fixe des centaines de récepteurs : c’est ce qu’a réalisé l’équipe américaine. Pour bloquer le virus de la grippe, les scientifiques ont fabriqué une sorte de ruban, un polymère,  sur lequel ils ont placé un grand nombre de récepteurs, ici de l’acide sialique. Ce piège à virus fonctionne, du moins in vitro. Le système "détourne" le virus de la grippe, qui s’accroche aux récepteurs.

    Une barrière sur les lieux d’entrée

    Cette invention pourrait constituer une arme réellement efficace, puisqu’elle agit en amont  de l’infection : les pièges arrêtent les virus avant qu’ils ne se fixent aux cellules. Pour l’instant, le mode d’administration n’est pas encore déterminé. L’injection dans le sang d’un grand nombre de ces "papiers tue-mouche" semble la plus probable. Néanmoins, comme le souligne les chercheurs, il serait envisageable de les employer aux lieux d’entrée des particules virales, telles que les muqueuses de la gorge ou du nez. Les polymères intercepteraient ainsi les virus avant même qu’ils ne pénètrent dans l’organisme.

    Effets secondaires ?

    Pour l’instant ce procédé a prouvé son efficacité uniquement in vitro. Les tests viennent de commencer chez la souris. Ce piège à virus devra démontrer sa totale innocuité. Les scientifiques américains précisent déjà que le support utilisé, le polymère, n’est pas toxique. Néanmoins, les récepteurs utilisés sont les mêmes que ceux présents à la surface des cellules. Or, ces récepteurs ne sont pas là par hasard : ils sont impliqués dans de nombreuses fonctions naturelles. Ainsi, introduire un grand nombre de "faux" récepteurs risque d’entraîner plusieurs effets secondaires. De plus, les auteurs ne précisent pas comment l’organisme est censé éliminer ces leurres, une fois qu’ils auront piégé les virus. Or ceux qui ont déjà utilisé du papier tue-mouche savent combien il est difficile de s’en débarrasser…

    Alain Sousa

    « Les mille et un méfaits de la grippeLa résilience : rebondir plus haut après les épreuves »
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