• DIABÈTE ET GROSSESSE : LE SUIVI DE LA FEMME ENCEINTE DIABÉTIQUE

    Si l'on peut concilier diabète et grossesse, la grossesse diabétique reste à risque. La transmission du diabète de la mère à l’enfant (hérédité) est possible, et le déséquilibre glycémique est dangereux pour le fœtus. Un suivi médical (glycémie, alimentation, traitement) à chaque étape (conception, accouchement, allaitement) est nécessaire pour une grossesse sans encombre.

      Peut-on avoir des enfants quand on est une femme diabétique ?

      Sauf exceptions (rétinopathie, hypertension sévères...), il n’y a aucune contre-indication aujourd’hui pour les femmes diabétiques à avoir des enfants. Il y a encore une vingtaine d’années, le corps médical ne les encourageait guère, ou alors dans des conditions très restrictives : avant 25 ans, 1 seul enfant, accouchement avec césarienne obligatoire...

       

      Ce qui a changé ? L’autosurveillance glycémique et les nouvelles insulines, “une révolution”, explique Patrick Vexiau, Chef du service de diabétologie de l’Hôpital Saint-Louis, à Paris.

       

      Mais attention, vouloir un enfant quand on est diabétique (type 1 ou 2) et avoir une grossesse, cela se prépare, avant même la conception ! C’est pourquoi on dit d’une grossesse diabétique qu’elle dure 12 mois. 3 mois avant, pendant la grossesse et jusqu’à l’accouchement, il faut être dans un processus qui maximise les conditions de sécurité pour la mère et l’enfant.

       

      Programmer sa grossesse
      Les femmes diabétiques doivent être rigoureuses sur leur contraception pour éviter les grossesses “surprises” ou “repérées tardivement”. Non encadrée, la grossesse expose le fœtus dès les premiers mois et obligera la maman à faire plus d’efforts pour équilibrer son diabète. Autant donc anticiper et parler de votre désir de maternité à votre médecin.

      Quels sont les risques de transmission du diabète de la mère à l’enfant ?

      De fait, le problème d’une éventuelle transmission de la maladie inquiète les femmes diabétiques : « C’est la première question que j’ai posée quand je suis devenue diabétique », témoigne Isabelle Burdet, co-fondatrice de l’association les mamans diabétiques. Le Professeur Patrick Vexiau précise : « L’hérédité est faible pour le diabète de type 1, de l’ordre de 3 à 4%. Elle est plus forte pour le diabète de type 2 : de l’ordre de 30 à 40%. D’où la nécessité de surveiller l’enfant, particulièrement quand il aura atteint l’âge adulte pour lui inculquer d’emblée de bonnes habitudes hyginéno-diététiques ».

      Les fluctuations de la glycémie pendant la grossesse diabétique

      La grossesse : une situation diabétogène

      La grossesse est par nature diabétogène, à tel point qu’elle peut déclencher un diabète temporaire dit “gestationnel” chez les femmes qui ne sont pas diabétiques, ou révéler un diabète ancien passé inaperçu. La grossesse soumet l’organisme à des fluctuations de glycémie avec des effets de déséquilibre glycémique dangereux pour la mère diabétique et le fœtus. 

      Variations des besoins en insuline chez la femme enceinte diabétique

      Bien que chaque cas soit différent, des tendances se dessinent. Le 1er trimestre est souvent marqué par des hypoglycémies avec des effets rebonds (de nouvelles hormones se mettent en route, les nausées perturbent les repas...). Le troisième trimestre (assez brutalement vers le 6ème mois) se traduit souvent par des besoins en insuline multipliés parfois par 2 qu'il faut compenser par des injections d'insuline pour que les glycémies restent normales. Dans les toutes dernières semaines, c'est l'inverse, les besoins en insuline peuvent baisser un peu : en cause le vieillissement du placenta et une consommation sans doute plus importante du glucose par le bébé.

      La grossesse diabétique : une grossesse à risque

      La grossesse diabétique et le diabète gestationnel sont donc des grossesses à risque. Elles exposent la mère et l’enfant aux mêmes complications : macrosomie (poids du bébé supérieur à 4kg) et à d'autres risques. La femme diabétique doit s’engager sur un processus de contrôle et de surveillance stricts de sa glycémie, avec une série d’examens renforcés qui faciliteront l’accouchement et permettront au bébé comme à la maman d’être en bonne santé. En savoir plus sur les risques du diabète maternel pour l’enfant.

      Préparation et suivi de la grossesse chez la femme diabétique

      Plusieurs éléments garantiront une grossesse réussie pendant la période périnatale.

      Suivi médical

      Tout au long de la grossesse et en fonction des étapes, des rendez-vous et des examens réguliers sont à mener qui s'ajoutent au suivi classique de la femme enceinte.

       

      Parmi les examens préalables, on peut citer :

      • HbA1c < à 7% (avec un minimum d'hypo et d'hyperglycémies),
      • un examen de fond d'œil à réaliser pour identifier toute rétinopathie débutante qui pourrait s'aggraver pendant la grossesse.

      Il est souhaitable de repérer un service de néonatalogie (habitué au suivi des nouveaux nés des femmes diabétiques) et une maternité de niveau 2 (en cas de complications de la grossesse).

       

      Pour un suivi optimal d'une grossesse diabétique, il est recommandé de s'entourer de spécialistes (gynécologue, diabétologue, échographiste...).

       

      Dans les dernières semaines de la grossesse, des monitorings réguliers sont en général effectués, pour surveiller le rythme cardiaque de bébé. La fréquence varie beaucoup en fonction des services, d'une fois par jour à deux fois par mois, en fonction des résultats des examens précédents.

       

      Le rythme et la pertinence des examens sont bien sûr différents pour chaque grossesse, mais aussi d'une maternité et d'un diabétologue à l'autre. En savoir plus sur les différents spécialistes à consulter et la fréquence des examens.

      Alimentation pendant la grossesse diabétique

      La surveillance du poids et de l'équilibre glycémique étant importante, l'apport calorique et le traitement doivent être adaptés à chaque profil. Diabétologue et diététicienne détermineront le bon régime alimentaire et les quantités de glucides au début et en fin de grossesse.

       

      En général, les besoins nutritifs d'une femme enceinte sont les mêmes qu'une femme jeune en bonne santé : manger varié et équilibré. En début de grossesse, trois repas sont nécessaires, puis des collations entre les repas sont recommandées (le fractionnement) pour contrer les hyperglycémies post-prandiales. En savoir plus sur l'alimentation et le fractionnement pendant la grossesse diabétique.

       

      Une supplémentation en vitamine B9 est conseillée, à voir directement avec le professionnel de santé qui suit la grossesse.

      Le traitement

      Le traitement sera éventuellement adapté ou modifié pour conserver l’équilibre de la glycémie (passage à l’insuline pour les femmes diabétiques de type 2, utilisation temporaire d’une pompe à insuline, modifications des doses...) car les besoins en insuline augmententbeaucoup vers le sixième mois de la grossesse, pour quasiment doubler en fin de grossesse.

       

      L'équilibre glycémique étant plus strict pour une grossesse diabétique, et les antidiabétiques oraux étant proscrits, l’insulinothérapie par injection (ou par pompe) est nécessaire. Par ailleurs, la pompe à insuline est très efficace pour lutter contre les fluctuations de la glycémie (voir supra).

      La surveillance de la glycémie

      La glycémie doit être équilibrée depuis au moins 3 mois avant la grossesse, elle doit le rester durant toute la grossesse (et même après !). La femme enceinte (non diabétique) est déjà en relative hypoglycémie. Les objectifs chez la patiente diabétique seront donc d'autant plus stricts, ce qui impose une autosurveillance rapprochée avec 6 à 8 contrôles par jour.

      Accouchement

      Si le diabète de la maman est bien contrôlé, il n’y a pas de mesures particulières pour l’accouchement. Une échographie supplémentairepeut être réalisée en fin de grossesse pour contrôler la taille du bébé. L’accouchement peut-être cependant déclenché avant terme (dès lors que le corps médical considère la conception achevée).

       

      Plusieurs risques motivent cette décision :

      • risque d’augmentation du poids du bébé dans les dernières semaines de grossesse
      • risques obstétricaux
      • souffrance fœtale voire risque de mort in utero

      Si les tentatives d’accouchement échouent, ou si le poids du bébé est déjà trop élévé (> à 4,250 kg), on a recours à une césarienne.

      Après l’accouchement

      Après l’accouchement, les hypoglycémies peuvent être fréquentes chez la mère : les besoins en insuline diminuent et l’allaitement consomme beaucoup de calories. Le risque principal pour le nouveau né est l’hypoglycémie qu’il faut surveiller dès les premières heures.

      Risque d’hypoglycémie chez le nouveau né

      Alors que dans la vie in utero le bébé dépend de la glycémie de la maman via le cordon ombilical, après la naissance, ce n’est plus le cas. Si en fin de grossesse, la mère est en hyperglycémie fréquente, par exemple, le bébé produit plus d’insuline pour compenser. Après l’accouchement, le pancréas hyperplasique du bébé va continuer à produire beaucoup d’insuline et le bébé risque alors l’hypoglycémie.

      Surveillance du nouveau né

      En règle générale, la surveillance du nouveau né d’une femme diabétique se fait tous les quarts d’heure la première heure, puis toutes les heures, puis toutes les trois heures pendant 48h, puis progressivement, 4 fois jour, puis 2 fois, etc (jusqu’au moment où ce n’est plus nécessaire).

       

      Si les hypoglycémies persistent après ces premières mesures, le bébé devra être hospitalisé en service de néonatalogie et alimenté par sonde gastrique ou perfusion jusqu’au retour d’une glycémie satisfaisante.

      Allaitement

      Les bienfaits du lait maternel pour l’enfant sont connus. Les femmes diabétiques peuvent allaiter et même donner leur lait dans un lactarium d’autant que l’allaitement accroît la dépense énergétique et a un effet positif sur la perte de poids et l’équilibre glycémique de la mère.

       

      Quelques recommandations cependant :

      • être vigilant sur les hypoglycémies (qui peuvent être soudaines et violentes)
      • se resucrer si elles surviennent pendant la tétée
      • boire en abondance et augmenter votre apport calorique s’il n’existe pas de surpoids
      • pas de reprise de vos antidiabétiques oraux (ADO) et maintien de l’insuline pendant l’allaitement.

      Voir aussi

      Sur le site de l’AFD

      GROSSESSE ET ACTIVITÉ PHYSIQUE 

       

      DIABÈTE GESTATIONNEL

       

      Sources

       

      Article rédigé à partir des principaux éléments suivants :

      • newsletter « Angles de Vie : Chroniques du diabète - mars 2008 »
      • Interview d’Isabelle Burdet, co-fondatrice de l'Association Française des Femmes Diabétiques
        (ancien nom : Association des Mamans diabétiques)
      • Interview du Professeur Patrick Vexiau, chef du service diabétologiede l’Hôpital Saint-Louis, à Paris.

      Notes et crédits photos

       

      Crédits photos : Association Française des Femmes Diabétiques

      http://www.afd.asso.fr/diabete-et/femmes/grossesse

       

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