Des OGM pour nourrir la planète
De tout temps, l'agriculture a cherché à augmenter ses rendements. Or les OGM pourraient représenter un formidable progrès. La solution pour nourrir les 10 milliards d'habitants qui peupleront
la Terre en 2050 ? Le doute subsiste.
Selon un récent sondage, 63 % des Français ne sont pas d’accord
pour encourager l’utilisation de la biotechnologie moderne dans la production de nourriture. Même si les risques pour la santé ne sont pas démontrés, c’est plutôt un sentiment de risque inutile
qui prédomine dans l’esprit du public, déjà échaudé par d’autres sagas alimentaires comme la vache folle ou les toxines du poulet. Pourtant, les OGM peuvent présenter une réelle amélioration pour
le grand public, et pour les firmes qui les produisent…
Dix milliards d'êtres humains en 2050
Les prévisions de la FAO font état d’un doublement de la population pour
2050. Cette augmentation démographique touchera principalement les pays les moins développés. Du fait de cette pression, les surfaces cultivables vont aller en diminuant. Ainsi, l’agriculture
devra relever un impressionnant défi : nourrir une population en constante augmentation avec de moins en moins de terres exploitables.
Source
: FAO
Source
: FAO
Pour les experts de la Banque Mondiale, seule une seconde révolution
verte initiée par les derniers développements du génie génétique permettrait d’assurer au plus grand nombre une sécurité alimentaire1 acceptable. Augmenter les rendements, obtenir des cultures résistantes aux parasites et ce, quelles que soient les conditions
climatiques, n’est-ce pas ce que nous promet le génie génétique ?
Entre principe de précaution et pressions économiques
Mais au-delà de cette finalité altruiste qui guiderait le développement
des OGM à grande échelle, les biotechnologies sont perçues comme un des enjeux-clés de l’économie des prochaines années. Ainsi, le grand public et les associations écologistes soupçonnent les
Etats de passer outre le principe de précaution2, pour se placer dans le trio de tête des nations qui jouent un rôle dans cette
appropriation du vivant.
Si les pays leaders sur les OGM peuvent offrir une perspective de
solution à de nombreuses crises alimentaires, ils pourraient, de fait, bénéficier d’un puissant moyen de mise sous tutelle des agriculteurs et des pays qui ne disposent pas de ces
technologies.
Terminator contre les pirates
Aux Etats-Unis, les semences modifiées font l’objet d’un brevet. Lors de
l’achat de semences transgéniques, les agriculteurs doivent s’engager à ne pas replanter les graines récupérées après récolte, ce qui les oblige à se réapprovisionner chaque année. Après avoir
encouragé la dénonciation des planteurs d’ "OGM pirates", la firme Monsanto semblait avoir trouvé la parade et la solution ultime pour se rendre incontournable pour ses clients : "la
technologie dite Terminator". L’ajout d’un gène stérilise les graines après la première récolte. Sous les pressions écologistes, les tollés des agriculteurs et des associations de défense du
tiers-monde (la plupart des paysans des pays les plus pauvres réutilisent leurs graines car ils n’ont pas les moyens d’en acheter d’autres). Finalement, la firme Monsanto renonce à son projet de
gène stérilisant en octobre 1999.
Même la
productivité des OGM, qui constitue son principal argument de vente, a été remise en cause par une étude de l’Université du Wisconsin. Dans cette étude, en effet, les rendements des différentes
variétés de soja des neuf Etats du MidWest ont été évalués et… dans sept d’entre eux, les rendements des graines produites à l’hectare par les espèces transgéniques sont inférieurs à ceux des
plantes naturelles. Une autre étude portant sur 8 200 essais pratiqués en 1998 dans les universités américaines arrive à une conclusion similaire : le rendement du soja transgénique est
inférieur de 6 % à celui des plantes classiques.
Alain Sousa et David Bême - Mis à jour le 29 janvier 2009
1 - Comme définie par la FAO, la sécurité alimentaire consiste à assurer
à toute personne et à tout moment un accès physique et économique aux denrées alimentaires dont elle a besoin. (Source : Food & Agriculture Organization, 1983).
2 - Le principe de précaution revient à instaurer, devant le doute, des
dispositions favorables à l’homme, à l’animal ou à l’environnement. Dans le cas des OGM, ce principe recommande donc la prudence tant que les risques de contamination par fécondation croisée des
autres espèces et la dissémination des gènes introduits dans les plantes transgéniques ne sont pas évalués de manière précise.
Forum OGM
http://www.doctissimo.fr/html/nutrition/mag_2000/mag0630/nu_1930_avantages.htm