• Déglutition : comment traiter les problèmes

    Déglutition : comment traiter les problèmes

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    Il nous arrive à tous d'avaler de travers. Simple accident de parcours. Mais, pour certains, les troubles de la déglutition sont liés à un véritable problème de santé. Aujourd'hui, ils sont de mieux en mieux décelés et pris en charge.

     

    Les troubles de la déglutition (ou dysphagie) se définissent comme l'ensemble des manifestations anormales du passage des aliments solides ou liquides (et parfois de la salive) de la bouche vers l'estomac », explique Michèle De Gieter, kinésithérapeute au CHU Brugmann.

    Opération en trois temps

    La déglutition est donc un geste que nous effectuons plusieurs centaines de fois par jour, lorsque nous avalons notre salive, buvons et mangeons. Elle se déroule en trois phases :

    • La phase orale 
      C'est le travail des lèvres, des dents, de la langue, de la mastication, de l'insalivation...
    • La phase pharyngée 
      Quand la langue pousse les aliments vers l'arrière, ceux-ci viennent stimuler les piliers pharyngés, à l'entrée du pharynx, informant le cerveau de la nécessité de fermer les voies aériennes. A ce stade, on ne commande plus rien, tout est réflexe.
    • La phase œsophagienne 
      Quand le carrefour entre voies respiratoires et voies digestives est franchi, le sphincter œsophagien supérieur s'ouvre, les aliments descendent dans l'£œsophage.

     

    Les symptômes

    Les troubles de la déglutition ont différentes formes : difficulté à mastiquer, à avaler, accumulation de salive, production de glaires et, plus visibles, les « fausses routes ».

    « C'est ce qu'on appelle avaler de travers, explique Michèle De Gieter. Une partie de ce qu'on avait en bouche part dans les poumons. S'il y a passage vers le pharynx, nous toussons pour éjecter l'aliment. Mais avec un gros morceau, les voies respiratoires se bouchent, on risque l'asphyxie. Pas le temps pour les secours ! Il faut tousser très fort pour tenter de faire sortir l'aliment. Si ça ne marche pas, pratiquez la manœuvre de Heimlich.

    Plus insidieuse, la fausse route sourde : de petites sécrétions pénètrent dans les voies respiratoires, mais il n'y a pas de réflexe de toux, pour raisons diverses (maladie neurologique sous-jacente,  la personne a été opérée à cet endroit, etc.). On a alors la voix mouillée. Ce qui peut provoquer une surinfection bronchique».

    De nombreuses répercussions

    Les conséquences des troubles sont multiples. Gênés par des douleurs ou des sensations de blocage alimentaire dans la gorge, certains vont, sans s'en rendre compte, moins s'alimenter et perdre du poids. « Ils ne comprennent pas leur perte de poids. En discutant avec eux, on comprend qu'ils ont écarté certains aliments. »

    Autre conséquence : d'ordre social. « L'alimentation a un rôle social important, souligne Michèle De Gieter. Les personnes ne veulent plus aller au restaurant, voir leur famille, de peur de s'étrangler, tousser en public, etc. Elles vont s'isoler et parfois, déprimer ».

    D'autres, sujets à de fausses routes sourdes, vont souffrir d'encombrements pulmonaires à répétition, sans qu'on en décèle la cause. « Ils seront mis sous traitement pour des bronchites dont on ne trouve pas l'origine ! »

    D'où viennent ces troubles ?

    Les troubles de la déglutition peuvent arriver soudainement, notamment après un accident vasculaire cérébral (AVC), un traumatisme crânien, ou chez ceux qui, pour raisons médicales, ont été intubés.

    Sinon, leur apparition est plus progressive. « Ils accompagnent souvent les problèmes neurologiques : maladie de Parkinson, sclérose en plaques. Dans ce cas, les soucis de déglutition arrivent de manière insidieuse. Une personne peut perdre du poids, sentir une gêne. Ces troubles surviennent aussi avec l'âge, quand la sensibilité de la bouche et la force musculaire diminuent, si la dentition n'est plus bonne, si une prothèse dentaire est mal adaptée. La mécanique de la déglutition est alors perturbée. »

    Une rééducation pluridisciplinaire

    Pour comprendre et évaluer le cas du patient, le médecin ORL procédera d'abord à un examen clinique. « Ensuite, deux examens complémentaires, fibroscopie et vidéofluoroscopie, apportent beaucoup d'informations, explique Michèle De Gieter. Tout est adapté à chaque cas clinique. En rééducation, on travaille les muscles de la déglutition : langue, lèvres, mâchoire, joues, cou, etc.

    Un deuxième axe de travail consiste à stimuler la bouche au niveau sensitif : on va utiliser des textures et des goûts différents pour exciter les terminaisons nerveuses, avoir une meilleure déglutition. »

    La rééducation est pluridisciplinaire. Le logopède entre en jeu avec d'autres outils (sons, lettres, sonorités...).

    Dans ce processus, les diététiciennes ont aussi un rôle. Si le patient a maigri, il recevra des conseils pour enrichir son alimentation de façon naturelle, pour éviter de recourir aux suppléments alimentaires, souvent coûteux.

    Un programme à la carte

     « S'il s'agit d'une pathologie neurologique évolutive (sclérose en plaques, maladie de Parkinson), nous pourrons seulement retarder l'apparition des symptômes de la dénutrition.

    Pour les apparitions brutales des troubles, comme certains AVC, les rééducations sont plus longues. Pour les troubles liés au vieillissement, après neuf ou dix séances, on constate une amélioration. Il faut revenir sans attendre si le problème réapparaît. »

    Le patient doit aussi adapter son alimentation. « C'est au cas par cas, selon le problème. On va, par exemple, commencer par réduire en purée certains aliments, épaissir les liquides. Dans les cas graves, le médecin aura recours à une alimentation par sonde pour éviter la dénutrition et la déshydratation. »

    Ainsi, il est souvent possible de retrouver, en quelques séances de travail, le plaisir de partager un repas. Un avantage pour la santé et la vie sociale.

    La manœuvre de Heimlich

    Cette manœuvre permet de débloquer un corps étranger coincé dans les voies aériennes.

    Si la personne porte ses mains à la gorge et suffoque, faites les gestes suivants :

    Placez-vous derrière elle, passez vos bras sous les siens, mettez votre poing au-dessus de son nombril, l'autre main par-dessus le poing. Enfoncez le poing d'un coup sec vers vous et vers le haut.

    Vous augmentez ainsi la pression dans les poumons et permettez l'expulsion vers le haut du corps étranger. Répétez ce geste jusqu'à cinq fois si nécessaire.

    Une personne seule peut effectuer cette manœuvre sur elle-même, en s'appuyant sur un coin de table ou en utilisant son propre poing.

    Deux examens complémentaires

    La fibroscopie : Un tube fin, flexible, doté d'une mini-caméra, descend dans le larynx, permet de voir ce qu'il s'y passe. Sous fibroscopie, l'ORL peut tester la sensibilité de la langue, de la gorge, regarder s'il y a malformation, si les cordes vocales et l'épiglotte bougent bien. Le patient doit boire de l'eau avec un peu de bleu de méthylène, pour voir si le liquide s'écoule bien, si l'épiglotte bascule, etc.

    La vidéofluoroscopie « Swallowing » : Le patient boit et mange des quantités minimales de produit de contraste (sulfate de baryum ou baryte. La déglutition est filmée en temps réel, suivant la progression des aliments de la cavité buccale vers l'estomac. Cet examen non douloureux permet une évaluation précise et objective du trouble de la déglutition, et d'adapter l'alimentation du patient en fonction de ces capacités fonctionnelles.

    Auteur: Gwenaëlle Ansieau | Mise en ligne: 10-12-2007 | Mise à jour:

    24-04-2012

    http://plusmagazine.levif.be/fr/sante/maladies/artikel/97/deglutition-comment-traiter-les-problemes


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