• Coronavirus chinois : ce que l’on sait de l’épidémie

    En décembre 2019 a été découvert dans la ville de Wuhan en Chine un nouveau type de coronavirus provoquant des symptômes respiratoires sévères semblables à ceux du SRAS. Actuellement, plus de 400 cas ont été recensés, et 17 décès sont à déplorer. Alors que certains d’entre eux ont été détectés en dehors du pays, l’OMS a annoncé la tenue d’une réunion afin de savoir s’il convient de déclarer une “urgence de santé publique de portée internationale”. Que sait-on de ce virus exactement ? Doit-on s’inquiéter d’une épidémie mondiale ? Le docteur Eric D’Ortenzio, médecin épidémiologiste et coordinateur scientifique à l’Inserm, nous éclaire.

     

    Coronavirus chinois : ce que l’on sait de l’épidémie

     
     

    Il a été baptisé 2019-nCoV, et inquiète la population mondiale. Mi-décembre, les autorités chinoises ont été alertées de la présence d’un nouveau type de coronavirus, un type de virus à l’origine de maladies plus ou moins bénignes, qui a infecté 41 personnes dans la ville de Wuhan. Aujourd’hui, le nombre de personnes touchées s’élève à 440, celui de personnes décédées à 17. Mais le problème n’est plus confiné à la Chine ; des premiers cas ont été signalés au Japon, en Corée du Sud, en Thaïlande, à Taïwan, en Australie et aux Etats-Unis, laissant craindre une épidémie mondiale. Une crainte justifiée ? Voici tout ce que l’on sait aujourd’hui.

    D’où vient ce virus ?

    Santé publique France révèle que la plupart des 41 premiers cas recensés à Wuhan travaillaient ou avaient fréquemment visité le Huanan South China Seafood Market, un marché de poisson et de fruits de mer de la ville “où des animaux vivants sont [également] vendus, indiquant une probable contamination d’origine animale1. L’établissement a été fermé et désinfecté le 1er janvier 2020, “mais la source d’infection n’a pas été identifiée”. Interviewé par Doctissimo, le docteur Eric D’Ortenzio, médecin épidémiologiste et coordinateur scientifique à l’Inserm, confirme : “On n’en sait pas plus, les investigations sont toujours en cours. Le coronavirus est une zoonose, c’est-à-dire que c’est une maladie qui se transmet de l’animal à l’homme. Des prélèvements sur beaucoup d’animaux ont dû être faits, et les résultats doivent être en attente”.

    Une étude2 parue le 23 janvier suggère que le serpent pourrait être l'animal réservoir du virus. Des serpents mais également des chauves-souris et des marmottes étaient en effet vendus au marché de Wuhan.

    Comment se transmet-il ?

    Le 20 janvier, les autorités chinoises ont annoncé que la transmission interhumaine a été confirmée, c’est-à-dire que le virus peut se transmettre d’une personne à l’autre, dans ce cas par les voies respiratoires (air ou gouttelettes). “L’enjeu va maintenant être de comprendre si cette transmission interhumaine est limitée ou plus soutenue, c’est-à-dire si le virus passe plus facilement d’un homme à l’autre”, explique le Dr D’Ortenzio. C’est ce qu’on appelle la mutation du virus.

    Le 22 janvier, les autorités chinoises ont d’ailleurs émis cette hypothèse, au vu du nombre croissant de personnes infectées et décédées : le 21 janvier, on comptait 291 cas et 9 morts, et le 22 janvier, 440 cas et 17 morts, soit plus de 140 nouveaux cas et 8 nouveaux décès détectés en une journée. Alors, mutation du virus ou meilleure détection de la maladie ? On ne sait pas. Quoi qu’il en soit, “il faut surveiller le virus pendant l’épidémie”, insiste l’expert, tandis qu’une étude de l’Imperial College London suggère que le nombre total de cas est sous-estimé : selon leurs estimations, il pourrait s’élever à plus de 17003

    Quels sont les symptômes ?

    Le Dr D’Ortenzio explique que le tableau clinique de 2019-nCoV est semblable à celui du syndrome respiratoire aigu sévère ou SRAS, une forme de pneumonie ayant causé 774 décès à travers le monde lors de l’épidémie de 2002-2003 qui avait également commencé en Chine. “La plupart du temps, les formes sont légères, avec de la fièvre, de la toux et un peu de difficultés respiratoires. Mais il y a aussi des cas sévères qui ont été décrits : des complications respiratoires avec des syndromes de détresse respiratoire aiguë et des pneumopathies sévères.” Le diagnostic repose sur un prélèvement sanguin permettant de “rechercher l’ARN du virus”.

    Est-ce systématiquement mortel ?

    Non, puisque sur les centaines de cas identifiés, seuls 17 décès ont été recensés. En revanche, on peut s’interroger sur les potentiels facteurs de risque. Plusieurs des patients décédés étaient âgés ou présentaient des comorbidités, révèle Santé publique France. “On a très peu d’informations, mais les victimes avaient sûrement des antécédents médicaux, comme un diabète ou autres, explique le Dr D’Ortenzio. La symptomatologie des coronavirus est souvent bénigne, mais chez les personnes à risque, elle peut engager le pronostic vital.” 

    Y a-t-il un traitement ?

    Pour l’heure, il n’existe aucun traitement spécifique pour ce type de coronavirus. Les personnes touchées se voient prescrire de simples traitements symptomatiques. Mais selon notre expert, “il n’est pas impossible que se mettent en place rapidement des essais cliniques en temps réel pour évaluer des molécules antivirales. L’expérience des anciennes épidémies d’ Ebola, de Zika et de SRAS nous permet de le faire.

    Quelles mesures ont été prises à l’international et en France ?

    La Chine et les autres pays touchés ont d'abord mis en place des mesures de dépistage dans les aéroports, à l’arrivée des vols en provenance de Wuhan. Les voyageurs pouvaient notamment être soumis à un contrôle thermique : ceux présentant de la fièvre devaient passer des tests plus approfondis. Mais l’intérêt de ces mesures est discuté : “On peut être non fébrile et présenter les symptômes après, c’est pour cela que certains aéroports ne mettent pas en place ces tests”, explique le Dr D’Ortenzio.

    Le 23 janvier, trois métropoles chinoises dont Wuhan ont été mises en quarantaine : "plus aucun train ni avion ne doivent en principe quitter Wuhan", indique l'AFP. Pékin a également annoncé l'annulation des festivités du Nouvel an.

    En Francela ministre de la Santé Agnès Buzyn a expliqué lors d’un point presse donné le 21 janvier que “des messages de précaution à destination des voyageurs se rendant à Wuhan depuis Paris ou bien au retour de Wuhan sont d’ores et déjà diffusés dans les avions en ce qui concerne les vols directs, et des affiches ont été disposées à l’aéroport de Roissy”. Elle ajoute qu’ “à ce stade, aucune mesure de contrôle aux frontières n’a été prise conformément aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). En fonction de l’évolution de la situation, et si les recommandations de l’OMS changent, la France évaluera l'opportunité de mettre en œuvre les mesures préconisées.

    https://www.doctissimo.fr/sante/news/coronavirus-chinois-epidemie-ce-que-l-on-sait

     
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