• Coloriages anti-stress : pour qui et pourquoi ?

    Loin du phénomène de mode, le coloriage est une activité créative dotée de nombreux bienfaits. Qui sont ses amateurs ? Et pourquoi sont-ils accros ? PasseportSanté leur a posé la question.

    L'efficacité des coloriages pour adultes

    L'efficacité des coloriages pour adultes

    Le temps où l’on confondait coloriage et gribouillage est bel et bien révolu. Le coloriage s’adresse maintenant aux plus grands, trop contents de faire une pause dans leur quotidien surchargé.

    Difficile de passer à côté de la tendance du coloriage. Les têtes de gondoles exhibent des livres de motifs qui donnent envie d’être saisi ; des univers qui attendent d’être découverts. Sur les réseaux sociaux, le hobby a pignon sur rue. Les coloriages sont partagés et commentés dans des groupes qui rassemblent des milliers d’amateurs. Les plus beaux vont même jusqu’à s’exposer sur des pages dédiées.

    Tout commence en 2012 par la publication du manuel "100 coloriages anti-stress" (éd. Hachette Pratique) venu d’outre-manche. Le coup de foudre du public est immédiat et les livres de coloriage se multiplient. Motifs floraux, abstraits, carnets de mode ou mandala, les illustrateurs sont mis à contribution dans des ouvrages qui rivalisent de talent. Il y en a pour tous les goûts.

    Un moment pour soi

    Premier constat : le coloriage touche tous les âges, toutes les professions, mais surtout des femmes.« L’année dernière une amie m’a offert deux livres de coloriage pour mon anniversaire… je ne connaissais pas et j’en ai même un peu rigolé…dessiner à mon âge ! » raconte Janine, 54 ans. « Depuis, j’ai entraîné beaucoup de personne dans mes dessins notamment mes petits-enfants de 5, 8, et 13 ans. On fait des soirées coloriage : animaux, manga, mandala… chacun y trouve son compte ». D’autres, plus jeunes, retrouvent le plaisir des travaux manuels de leur enfance. Comme Magali, 35 ans, qui ajoute avoir commencé le coloriage après la naissance de son second enfant « je courrais partout, stressée et énervée… il me fallait une occupation le soir, quand ils sont au lit, autre que la télévision ».

    Pourquoi tant d’amour pour le coloriage ? Avant tout pour le plaisir de créer. De faire naitre, sous les coups de crayon, un dessin unique. « Il y a des gens très doués qui font des choses magnifiques » explique Isabelle. « Cela me pousse à essayer moi-même » ajoute Janine qui s’attaque à des motifs compliqués par goût du défi. Une fois la composition achevée, le sentiment de satisfaction est d’autant plus grand.  

    Retrouver son calme intérieur 

    Pourquoi devient-on accro au coloriage ? En 2004, Nancy Curry et Tim Kasser, aujourd’hui professeur de psychologie à l’Université de Knox dans l’Illinois (Etats-Unis) avançaient que « colorier des formes géométriques complexes permet de suspendre son « dialogue intérieur »1. En se concentrant sur leur motif, les amoureux du coloriage se débarrassent progressivement de leurs pensées négatives et des émotions qui empêchent parfois d’y voir clair.

    Mais la méthode est-elle réellement efficace sur le stress ? C’est la question que se sont posé les deux scientifiques, à la recherche de preuves tangibles. Pour ce faire, ils ont réuni 84 participants, tous étudiants, qu’ils ont séparés en trois groupes. Le premier avait pour instruction de colorier un mandala (ces formes circulaires aux motifs répétitifs) et le second un quadrillage aux formes tout aussi complexes. Le dernier groupe devait, quant à lui, dessiner librement sur une page blanche.

    Avant de s’emparer de leurs crayons pour 20 minutes, les volontaires devaient faire le récit de leur plus grande peur par écrit. Leur niveau d’anxiété était mesuré à l’aide d’un questionnaire en 9 points (de « pas du tout » à« extrêmement » stressé) au début, après induction du stress et à la fin de l’étude. Résultat : les participants qui avaient colorié un mandala étaient significativement moins anxieux que les dessinateurs à main levée, à la fin de l’expérience.

    Autre conclusion intéressante : le motif géométrique faisait autant de bien aux participants que le mandala, ce qui semble exclure la symbolique spirituelle du mandala dans la réduction du stress. Pour les deux chercheurs, c’est surtout le fait d’être guidé, structuré dans sa création qui importe. Si l’anxiété est une sorte de « chaos intérieur », alors colorier un motif complexe prédéterminé permettrait d’organiser son chaos. En un mot : une case coloriée, une pensée négative rangée.

    Faire face aux épreuves du quotidien

    Mais au fond, pourquoi le coloriage détend ? Nancy Curry et Tim Kasser émettent l’hypothèse que le coloriage de motifs complexes et répétitifs conduiraient les personnes qui s’y prêtent dans un « état similaire à la médiation ». D’ailleurs la méditation, comme le coloriage, consiste à porter son attention sur un point précis2… Mélany, 24 ans, décrit « [colorier] m’apaise l’esprit : je rentre à fond dedans et ne fais plus vraiment attention à ce qui m’entoure (télévision, bruits de la rue…). Je me sens vraiment plus zen et je prends les choses sous un autre angle, avec plus de décontraction. »

    Or les bénéfices d’un tel exercice sont nombreux. Gladys, qui colorie autant au lycée qu’en tailleur devant des films, explique « étant hyperactive, ça m'aide vraiment à me concentrer car ça m'occupe les mains. Maintenant je peux suivre les cours et des films, ce qui était impossible avant ».

    Pour d’autres, faire du coloriage permet de faire face aux épreuves de la vie. Comme apprendre à vivre avec une maladie chronique (spondylarthrite ankylosante, fibromyalgie ou encore endométriose). « La vie est ainsi : vous êtes en bonne santé et tout d’un coup la maladie vous « gifle » ... Vous devez vivre différemment et vous devez l’accepter mais par quel moyen ? » témoigne Véronique qui explique que le coloriage lui a permis de mettre de la distance avec sa maladie et de l’accepter plus facilement. Colorier permet aussi à Claire, 24 ans, de ne « pas trop penser à la maladie et de calmer les douleurs » quand elles deviennent insupportables. Dans un moment de douleur ou dans un moment de joie, sur un coup de tête ou avec préméditation, quelle que soit la raison qui vous pousse à colorier, ce sera forcément la bonne.

    http://www.passeportsante.net/fr/Actualites/Dossiers/DossierComplexe.aspx?

     

    Sources
    1. 1. Nancy A. Curry and Tim Kasser "Can Coloring Mandalas Reduce Anxiety?" Art Therapy: Journal of the American Art Therapy Association, 22(2) pp. 81-85, 2005
    2. 2. Smith, J. C. (1975). Meditation as psychotherapy: A review of the literature. Psychological Bulletin, 82(4), 558-564.

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