• Ces médecins qui ne veulent pas soigner les pauvres

    L'ordre des médecins s'oppose à cet affichage anti-CMU./Photo DDM, archivesL'ordre des médecins s'oppose à cet affichage anti-CMU./Photo DDM, archives

    Des médecins refusent de prendre en charge les patients les plus pauvres. Certains mêmes font figurer leur refus sur des sites de rendez-vous. Le Défenseur des droits a été saisi.

    C'est écrit en toutes lettres : «Pas de CMU» ou encore «pas d'AME»*.

    On savait que les SDF, les migrants, ou tout simplement les personnes en grande précarité ne sont pas les bienvenus dans les cabinets de certains médecins. Mais de là à annoncer la couleur du refus sur les sites de rendez-vous, il y avait un pas que certains praticiens n'ont pas hésité à franchir.

    Voilà qui scandalise les associations d'aide aux personnes les plus fragiles. Médecins du Monde, la Fédération des acteurs de la solidarité (Fnars) et le collectif interassociatif sur la santé ont saisi Jacques Toubon, le Défenseur des droits, sur ce qu'ils dénoncent comme des «refus affichés et assumés.»

    Or, la loi oblige les médecins à soigner ces patients, et à leur appliquer les tarifs conventionnés, sans dépassements d'honoraires.

    Selon la Fnars, «ces refus de soins sont massifs et répétitifs». Et la fédération s'indigne surtout de cet affichage : «La démarche de rejet est décomplexée.»

    «Sanction immédiate»

    Il n'est pas rare que les bénéficiaires de la CMU soient mis à l'écart. Des opérations de testing ont montré qu'un cinquième des médecins refusent la CMU, et ce taux grimpe jusqu'à 50 % à Paris.

    «Les personnes en grande précarité nous racontent effectivement qu'elles ont parfois beaucoup de difficultés à obtenir des rendez-vous, ou bien que ces rendez-vous sont pour des dates très lointaines, explique Hélène, responsable du secteur Santé au Secours populaire de la Haute-Garonne. Nous, nous avons mis en place des «relais santé» où nous orientons les personnes vers les PASS, les permanences d'accès aux soins de santé que l'on trouve dans les hôpitaux, ou bien vers les réseaux de médecins qui sont dans l'esprit de leur serment.» Un serment qui précise : «Je donnerai mes soins à l'indigent et à quiconque me le demandera.»

    Mais ce qui est nouveau, c'est donc de voir que refus est clairement affiché sur les sites de rendez-vous.

    «Nous n'avons pas eu de signalement de ces mentions «Pas de CMU» ou «pas d'AME» en Haute-Garonne, indique Jean Thévenot, président du conseil départemental de l'ordre des Médecins. Mais si on nous le signalait, alors, le médecin en question serait immédiatement convoqué devant l'Ordre, d'une part pour lui faire enlever cette mention, d'autre part, pour être sanctionné. Car une telle pratique est non seulement contraire à la loi, elle est aussi contraire à notre déontologie : on sera très strict là-dessus.»

    Jean Thévenot apporte juste une petite nuance : «En revanche, si la mention indique aux bénéficiaires de la CMU qu'ils doivent apporter tous les documents nécessaires, là, c'est autre chose, car il est vrai que l'on rencontre souvent des difficultés à ce niveau-là !»

    Le président veut ainsi souligner qu'avec les bénéficiaires de la CMU, l'exercice de la médecine n'est pas toujours un long fleuve tranquille.

    * CMU : Couverture'maladie universelle

    AME : Aide médicale de l'état


    CMU : qu'est-ce qui coince ?

    Si certains médecins refusent la CMU, c'est qu'elle peut présenter pour eux des inconvénients. C'est lui qui va faire l'avance des frais en attendant d'être remboursé par la Sécurité sociale. Et les délais de paiement peuvent s'allonger si la carte Vitale n'est pas à jour ou si le patient n'a aucun papier. Autre difficulté, si le patient n'a pas respecté le parcours de soins, en passant d'abord par la case généraliste, alors, c'est le spécialiste qui est moins remboursé.

    Enfin, certains patients très «désocialisés» arrivent dans la salle d'attente sans rendez-vous, avec des chiens…

     

    http://www.ladepeche.fr/article/2017/01/28/2506277-ces-medecins-qui-ne-veulent-pas-soigner-les-pauvres.html

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