• Après le passage de l'ouragan Katrina, le diabète en temps de crise

    TIDES : répondre aux besoins du diabète en période de  crise :

     

    Debbie Jones

     

    D’après les estimations, chaque année, plus de 3 millions de décès sont directement liés au diabète. Il est extrêmement inquiétant de constater que la prévalence du diabète semble être la plus élevée dans les pays à faibles et moyens revenus. Gérer le diabète, une tâche complexe dans des conditions idéales, peut s’avérer excessivement difficile dans des situations d’urgence. Des millions de personnes dans le monde vivent sous la menace constante d’un conflit armé ou d’une catastrophe naturelle, comme une inondation, un ouragan ou un tremblement de terre.

    Les difficultés auxquelles sont confrontées les populations pauvres et défavorisées pour accéder aux soins du diabète sont aggravées lors d’une telle catastrophe. Debbie Jones nous présente une initiative de la Fédération Internationale du Diabète qui vise à garantir les soins aux personnes atteintes de diabète dans les situations d’urgence.

    Après le passage de l’ouragan Katrina en 2005 à la Nouvelle Orléans, de nombreuses personnes évacuées atteintes de diabète avaient peu de revenus, peu d’entre elles étaient propriétaires et la plupart n’avaient pas d’assurance maladie. Les conditions telles que les troubles cardiaques et l’asthme étaient courantes. Beaucoup de personnes ont éprouvé de grandes difficultés à accéder à des fournitures du diabète régulières. De nombreuses personnes dépendaient du réseau d’hôpitaux et de cliniques du système de santé publique de la Nouvelle Orléans ; le Charity Hospital, qui soignait  des milliers de personnes de la région, a été complètement détruit.

     

     

    Garantir l’accès aux médicaments des personnes atteintes de diabète hébergés dans des abris d’urgence s’est avéré extrêmement difficile.

     

    Des milliers de foyers ont été gravement endommagés ou complètement détruits, provoquant un terrible sentiment d’incertitude et de peur – lié à la perte de leur maison et de leurs biens – chez des milliers de personnes ; beaucoup ont été séparés de leurs proches. Garantir l’accès aux médicaments des personnes atteintes de diabète hébergées temporairement dans des abris d’urgence s’est avéré extrêmement difficile.

    Les niveaux élevés de stress et d’anxiété ont provoqué une hausse des taux de glycémie. Des dossiers médicaux ont été perdus. Beaucoup de patients ne connaissaient pas le nom de leurs médicaments : plusieurs services d’urgence ont été confrontés à des personnes atteintes de diabète qui venaient chercher des médicaments mais qui ne pouvaient les décrire que comme des «comprimés bleus ou jaunes».

     

     

    Bien que le contexte géographique varie, les expériences vécues par les personnes défavorisées sont  désespérément similaires partout dans le monde après des catastrophes telles que le tsunami de l’océan indien, les ouragans qui ont touché les Caraïbes, la guerre en Irak, au Liban et en Afghanistan ou les récents tremblements de terre au Pakistan et au Pérou.

     

    L’hyperglycémie provoquée par le stress a été un grave problème suite au tsunami de 2004, provoqué par un tremblement de terre dans l’océan indien le 26 décembre.

    De nombreuses personnes atteintes de diabète affichaient des niveaux élevés de tension artérielle et de lipides sanguins. Le manque d’eau et souvent l’obligation de consommer des boissons sucrées (les seules disponibles) ont aggravé la menace d’hyperglycémie causée par le manque de médicaments hypoglycémiants.

     

    Dans les situations d’urgence, les fournitures du diabète, notamment le matériel pour les tests sanguins et d’urine et les médicaments, doivent être récentes et toujours disponibles.

    Malheureusement, de nombreuses personnes atteintes de diabète dans le monde peuvent témoigner de l’inefficacité des services sanitaires à garantir cet approvisionnement au lendemain d’une catastrophe.

     

    De nombreuses personnes peuvent témoigner de l’inefficacité des services sanitaires à garantir l’approvisionnement de fournitures du diabète lors d’une catastrophe.

     

    Les tâches quotidiennes liées à la gestion du diabète passent souvent au deuxième plan dans la lutte pour la survie. Le manque de matériel, de refuge et d’hygiène rend le test de la glycémie pratiquement impossible ; le manque d’aliments complique la gestion nutritionnelle et les possibilités de pratiquer une activité physique disparaissent souvent lorsque l’environnement local est sévèrement endommagé. Le diabète et ses symptômes sont aggravés par les effets d’un conflit armé ou des catastrophes naturelles : de nombreuses personnes atteintes de diabète affichent de graves blessures aux mains et aux pieds, ce qui accentue le risque d’ulcères et d’amputation.

     

    Réaction internationale

     

    Malgré le travail d’organisations humanitaires telles que Insulin for Life et la Croix rouge et le Croissant rouge, il reste de grandes interrogations sur la façon de réagir pour aider les personnes atteintes d’une maladie chronique dans les situations d’urgence – en particulier concernant les besoins spécifiques des personnes atteintes de diabète.

    Bien que les personnes atteintes de diabète de type 1 dépendent de l’insuline pour leur survie, la nécessité d’une réaction urgente reconnaissant que le diabète est une condition mortelle est souvent ignorée.

     

    Afin d’éviter les décès et les invalidités prévisibles au-delà des effets immédiats d’une catastrophe, il est essentiel de s’assurer que les personnes atteintes de diabète sachent où obtenir des soins médicaux après une catastrophe et que ces services auxiliaires aient été préalablement préparés à faire face aux situations d’urgence.

     

    TIDES

    La FID reconnaît la nécessité de soutenir la capacité de réaction aux situations d’urgence. Du personnel et des ressources ont été destinés à l’amélioration de ces services d’urgence via une initiative lancée fin 2006, connu sous le nom de TIDES (Towards Improvement In Diabetes Emergency Settings).

    Les organisations impliquées dans les secours d’urgence, comme Insulin for Life et l’OMS, soulignent la nécessité de gérer les conditions chroniques après une catastrophe.

    Les faibles niveaux d’éducation et la résistance à l’aide extérieure des gouvernements nationaux sont cités comme obstacles à l’offre de soins d’urgence adéquats aux personnes atteintes de diabète.

     

    TIDES,

    conformément à la Résolution des Nations unies, combine sensibilisation, éducation et création de partenariats efficaces.

    TIDES mérite l’attention de tous les secteurs. Le projet, conformément à la Résolution des Nations unies sur le diabète, combine sensibilisation, éducation et création de partenariats efficaces. En outre, TIDES pourrait aussi servir à établir un dialogue entre tous les pays du monde sur l’importance de tenir compte des conditions chroniques dans les plans d’urgence nationaux.

     

    Les associations membres de la FID joueront un rôle important dans l’identification des organismes publics et sanitaires clés dans le cadre de cette initiative. Les organisations impliquées dans les secours d’urgence seront identifiées et contactées afin d’établir et de sécuriser des canaux de  communication efficaces. Des ateliers sont prévus pour améliorer la sensibilisation au diabète et développer les connaissances en matière de diabète au sein de ces organismes.

    Debbie Jones

    Debbie Jones est coordinatrice du Centre de diabète et coordinatrice d’essais cliniques auprès du King Edward VII Memorial Hospital, Hamilton, Bermudes.

    Elle est Vice-présidente de la Fédération Internationale du Diabète.

     

    DiabetesVoice

    Septembre 2007 | Volume 52 | Numéro 3

     

     

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