• Apprendre à reconnaître sur soi les signes des hypoglycémies

    24.3 - Accidents hypoglycémiques

     

     

     

    Ils sont iatrogènes et dus à des erreurs thérapeutiques chez des patients traités par insuline ou sulfamides hypoglycémiants.

    Les malaises hypoglycémiques chez le patient diabétique de type 1 sont très fréquents. Le patient doit apprendre à les reconnaître pour se resucrer. Ils sont acceptables en pleine journée à condition de ne pas être trop fréquents (2 à 3 par semaine au maximum). Par contre ils doivent être évités la nuit.

    Chez le patient diabétique de type 2 les malaises sont secondaires à la prise de glinides ou de sulfamides hypoglycémiants.Les hypoglycémies dans ce dernier cas peuvent être prolongées et graves, voire mortelles sur certains terrains (alcoolisme, insuffisance rénale, insuffisance hépato-cellulaire, dénutrition, grand âge). Elles doivent donc être évitées en diminuant ou en arrêtant ces médicaments.

    24.3.1 Circonstances

    L'hypoglycémie peut survenir chez le diabétique de type 1 traité par insuline, ou chez le diabétique de type 2 traité par insuline ou par sulfamides hypoglycémiants (Diamicron, Daonil, Glibénèse, Amarel) ou par glinides (Novonorm). En revanche, les biguanides (Stagid, glucophage), les thiazolidinediones (Avandia, Actos) ou les inhibiteurs d'alpha-glucosidase (Glucor, Médiator) ne provoquent pas habituellement d'hypoglycémies.

    L'hypoglycémie sous insuline survient en cas de dose excessive d'insuline lente ou rapide, ou d'apport insuffisant de glucide pendant le repas ou avant une activité sportive, ou d'un délais trop long entre l'injection d'insuline rapide et le repas.

    Les malaises hypoglycémiques sous sulfamides hypoglycémiants surviennent souvent en fin de journée (« coup de barre de 17h »). Ils peuvent être très prolongés ou à rebonds, en raison de la longue demi-vie de ces médicaments. L'effet des sulfamides peut être potentialisé par l'association à d'autres médicaments liés à l'albumine (les salicylés, la phénylbutazone, les AINS, les sulfamides diurétiques et antibactériens (Bactrim), les anticoagulants coumariniques, et les AVK, l'allopurinol (Zyloric), le clofibrate (Lipavlon), la cimétidine (Tagamet), le miconazole (Daktarin...).

    L'hypoglycémie sous glinides est plus rare car ces médicaments ont une durée d'action beaucoup plus courte que les sulfamides, et agissent sur la période post-prandiale. Mais une hypoglycémie peut survenir en cas de surdosage, ou si une prise du traitement n'est pas suivie d'un repas ou bien est suivie d'un repas contenant insuffisamment de glucides.

    24.3.2 Symptômes

    Ceux-ci sont de deux types :

     

    • les symptômes neurovégétatifs liés à la stimulation du système nerveux autonome et survenant pour un seuil glycémique aux alentours de 0.60 g/l : mains moites, sueurs froides, pâleur des extrémités et du visage, tremblements des extrémités, tachycardie avec palpitations, plus rarement troubles du rythme, poussées hypertensives, crises d'angor chez les patients ayant une insuffisance coronarienne connue ou latente, nausées voire vomissements. Ces symptômes s'accompagnent d'asthénie et d'une sensation de faim intense.
    • les symptômes neuroglycopéniques, liés à la souffrance du système nerveux central, dits neuroglycopéniques, survenant pour un seuil glycémique inférieur à 0.50 g/l : sensation de malaise avec asthénie importante, troubles de la concentration intellectuelle, sensation de dérobement des jambes, paresthésie des extrémités, céphalées, impressions vertigineuses, troubles psychiatriques, multiples et trompeurs (confusion aiguë, agitation, troubles de l'humeur et du comportement, état pseudo-ébrieux…), troubles neurologiques sévères (crises convulsives généralisées ou localisées), troubles moteurs déficitaires, troubles visuels à type de diplopie ou de vision trouble.

     

    En l'absence de resucrage le coma hypoglycémique peut survenir brutalement. Il s'accompagne d'une tachycardie, d'une respiration calme, de sueurs abondantes, de contractures et d'un syndrome pyramidal avec signes de Babinski bilatéral. Sa profondeur est variable.

    24.3.3 Examens complémentaires

    Le diagnostic d'hypoglycémie chez le diabétique traité est un diagnostic d'interrogatoire. Il ne nécessite pas d'explorations complémentaires. En présence d'un coma chez un diabétique traité, l'injection de G30 % en IV doit être effectuée sans attendre aucun résultat.

    24.3.4 Diagnostic différentiel

     

    • Devant un malaise :
      Malaise vagal : circonstances déclenchantes différentes, bradycardie, soulagé en position allongé
      Crise d'angoisse : circonstances déclenchantes, présence de signes respiratoires (suffocation), de signes digestifs (douleur abdominale en barre, diarrhée...)
      Angor : circonstances déclenchantes parfois semblables (effort), mais présence de douleur thoracique (mais pas toujours), non calmée par le resucrage. Importance de la glycémie capillaire au moment ou au décours du malaise. Mais devant tout malaise atypique chez un patient diabétique on doit évoquer une crise d'angor voire un infarctus du myocarde.
    • Devant un coma :
      Epilepsie essentielle.
      Surtout : accident vasculaire cérébral. Le resucrage par voie intraveineuse est un excellent test diagnostic : le retour à une conscience normale est immédiat en cas de coma d'origine hypoglycémique.
      Mais le coma hypoglycémique peut entraîner un AVC véritable.

     

    24.3.5 Traitement

     

    1. Chez un patient conscient et capable de déglutir :
      • arrêt de l'activité physique
      • apport immédiat de 15 g de glucose, soit :
        3 ou 4 morceaux de sucre, ou 12.5 cl de jus de fruit (ou coca non light), ou 2 cuillers à café de confiture, ou 30 g de pain
      • après ce 1er resucrage : contrôle de la glycémie capillaire. Si la glycémie est inférieure à 0.40 g/l, cet apport glucidique doit être répété

      * Si le patient est traité par sulfamides hypoglycémiants :
      • arrêter ou diminuer la posologie de ce médicament. L'hypoglycémie sous sulfamides hypoglycémiants ne doit pas faire partie du traitement. Sa présence oblige à modifier la thérapeutique, car le risque est la survenue d'un coma hypoglycémique sévère et très prolongé comte tenu de la demi-vie de ces médicaments.

      * Si le patient est un diabétique de type 1 :
      • 2 ou 3 malaises par semaine sont tolérés s'ils surviennent le jour, sont clairement identifiés par le patient et correctement resucrés
      • si les malaises surviennent la nuit, ou sont non perçus, ou trop fréquents, ou insuffisamment ou trop resucrés, l'éducation doit être reprise et les doses d'insuline réévaluées.
    2. Chez un patient non conscient et/ou incapable de déglutir
      Quelle que soit la cause de l'hypoglycémie : une injection intraveineuse directe de 2 à 4 ampoules de glucosé hypertonique à 30 % (G30 %) doit entraîner le réveil rapide du patient.
      Si l'insuline est la cause du coma on peut, à la place du G30 %, injecter une ampoule de glucagon par voie intramusculaire ou sous-cutanée et au besoin la répéter dix minutes après une 1ère injection. Cette injection est faisable à domicile par l'entourage du patient qui doit avoir été éduqué à cette fin. Le réveil est moins rapide (5 à 10 minutes).
      Si les sulfamides hypoglycémiants sont la cause du coma, le glucagon est contre indiqué (stimule lui-même la sécrétion d'insuline !). Seule l'injection i.v. de glucose est permise. Elle sera suivie obligatoirement de la mise en place d'une perfusion de G10 % et de l'hospitalisation.

      L'hospitalisation :
      Dans tous les cas, s'il s'agit d'un diabétique traité par sulfamides avec coma, car l'hypoglycémie risque de réapparaître quelques heures après le traitement initial en raison de la durée d'action prolongée des sulfamides hypoglycémiants. Il faut donc maintenir une perfusion de glucosé à 10 % pendant 24 à 48 heures en milieu hospitalier.
      Par contre, la survenue d'un coma hypoglycémique chez un diabétique de type 1 n'entraîne pas automatiquement l'hospitalisation. Il peut rentrer chez lui à condition :
      • d'avoir du sucre sur lui
      • de ne présenter aucun déficit neurologique et cognitif
      • de ne pas vivre seul, ne pas rentrer seul chez lui
      • de posséder du glucagon et être entouré d'une personne qui saurait le lui injecter
      • d'être bien éduqué sur la pratique de l'auto-surveillance glycémique
      • de connaître l'erreur commise à l'origine de ce coma hypoglycémique
      • de revoir rapidement son diabétologue

     

     http://www.chups.jussieu.fr/polys/endocrino/poly/POLY.Chp.24.3.html

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